L'ACCUEIL PASTORAL DES DIVORCES REMARIES
en  L'EGLISE SAINTE MARIE

 

Voilà un problème pastoral qui touche des milliers de foyers chrétiens.

Il y a cinquante ans, le divorcé était proscrit ! Interdit d'inhumation religieuse, interdit de baptême pour ses enfants, interdit des sacrements. Finalement, il était rejeté de l'Eglise.

Nous avons connu cette époque.

Certes, il est très souhaitable que les couples ne divorcent pas ! Il en va de la notion même du bien de la famille et de celui des enfants qui sont souvent blessés par cette rupture.

Un divorce est toujours le constat d'un échec.

Mais comme un certain nombre de nos confrères, nous sommes affrontés aux problèmes de l'intégration des divorcés remariés dans l'Eglise. Bien des évêques et des prêtres regrettent de ne pouvoir faire davantage pour eux, compte tenu de l'intransigeance des lois ecclésiastiques romaines

Mais la miséricorde ne devrait-elle pas prévaloir sur la loi ?

C'est au nom de la Miséricorde du Seigneur que nous accueillons depuis 1964 les divorcés remariés à l'Eglise Sainte Marie

Pourquoi ?

D'ailleurs, c'est Jésus lui-même qui en instituant le sacrement de l'Eucharistie, a dit : "Ceci est mon sang versé pour la rémission des péchés."

La tradition liturgique et patristique le confirme. L'Eglise orientale accompagne le don de la communion par cette déclaration : " Voici le corps de Notre Seigneur pour la rémission de tes péchés. "

Au IXème siècle, le concile de Rouen déclare la même chose : " Que le corps de Notre Seigneur soit pour la rémission de tes péchés et pour la vie éternelle ."

A la communion, le prêtre dit : " Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde " et après : "Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et mon âme sera guérie ."

Non seulement les liturgies orientales abondent dans ce sens, mais aussi le sacramentaire de Vérone, typiquement occidental, qui représente la plus ancienne collection des textes liturgiques.

Pour Saint Ambroise, l'Eucharistie porte en elle-même une puissance rédemptrice qui remet les péchés." Chaque fois que tu manges le corps du Christ, tu reçois la rémission de tes péchés."

De nombreux autres auteurs et Pères de l'Eglise parlent dans le même sens : "Je dois recevoir le corps du Christ pour que toujours Il remette mes péchés." ( St Augustin )

Enfin, le concile de TRENTE en 1562, dans sa XXII ième session, confirme cette tradition et proclame solennellement :

" Le Saint Sacrifice de la Messe a bien le pouvoir de remettre les péchés, tous les péchés, si grands soient-ils."

Quels sont alors le rôle et la mission de l'Eglise pour cette pastorale Eucharistique à l'égard des divorcés ?

Rappelons tout d'abord un fait.

Il y a plusieurs Eglises issues de l'Eglise fondée par les Apôtres.

L'Eglise d'Occident ou Romaine et l'Eglise d'Orient ou Orthodoxe sont toutes deux issues de l'unique Eglise Apostolique primitive, séparées au XI siècle pour des raisons politiques, culturelles et géographiques.

De par leur culture et leurs traditions, elles ont une conception différente de la pastorale sacramentaire.

L'une, la Romaine, en Occident, a une conception juridique, fondée sur le droit Romain.

L'autre, l'Orthodoxe, en Orient, a une vision charismatique fondée sur la miséricorde Divine et la sanctification par les sacrements, en particulier par le sacrement de l'Eucharistie.

L'une exige la dignité et la perfection morale pour recevoir le sacrement.

L'autre conçoit le sacrement comme un remède qui sanctifie le pécheur repentant.

Elles ont donc toutes deux des conceptions différentes de cette pastorale, c'est leur droit !

La nôtre, est celle de l'Eglise Apostolique d'Orient : celle de la miséricorde !

C'est la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus .

En effet, L'Eglise Romaine, qui est la branche occidentale de l'Eglise Catholique Apostolique, déclare que si les divorcés remariés sont toujours membres de l'Eglise par leur baptême, les sacrements de la confession et de l'Eucharistie leur sont formellement interdits. Elle les prive ainsi du remède de la guérison.

L'Eglise Orthodoxe qui est la branche orientale de cette même Eglise Catholique Apostolique, déclare au contraire, qu'ils ont droit, comme tout pécheur, à la confession ainsi qu'à la communion. Elle les aide ainsi à vivre une vie sacramentelle.

Certes, l'Eglise Romaine a recours aux arguties du droit et peut conclure, selon les cas, après de longues plaidoiries à l'annulation d'un mariage.

II y a des exemples médiatiques connus où des annulations de mariages, furent accordées à des classes sociales privilégiées. Elles firent grand tort à l'Eglise...

Même si elles furent obtenues pour des raisons diplomatiques ou politiques, elles furent injustes et contraires à la loi qui doit être la même pour tout le monde, riche ou pauvre !

Toute institution privilège sa classe dirigeante. L'Eglise ne fait pas exception à cette loi. Elle relève son clergé, ses religieux de leurs engagements perpétuels, les autorise même à se marier. Mais lorsqu'il s'agit de simples laïcs, elle se montre intraitable !

Pourquoi ? Au nom d'un symbolisme mystique : celui de l'union du Christ et de l'Eglise que représente l'union des époux ! Raison quelque peu légère en comparaison de la souffrance des laïcs, alors que la hiérarchie s'octroie toutes les dispenses !

L'Eglise Sainte Marie, comme l'Eglise Orthodoxe et d'autres Eglises dans le monde, exerce donc à l'égard des divorcés remariés la pastorale de la miséricorde.

Pourquoi ?

Nous avons, en effet, toujours tendance à juger, à condamner, à voir la paille dans l'oeil de notre frère et d'oublier la poutre qui est parfois dans le nôtre...

Nous sommes souvent mal placés pour juger des situations dont toute la complexité nous échappe.

Et puis, quand la vie commune n'est plus possible, ll vaut mieux se séparer que de vivre un enfer !

Il faut le redire, un divorce est toujours le constat d'un échec, c'est un grand mal pour les époux comme pour les enfants. Car c'est un amour détruit. C'est un mal.

Mais qui peut se permettre de juger les circonstances et les torts réciproques de chacun ?

"Que celui qui est sans péchés, lui jette la première pierre..." dira Jésus à ceux qui voulaient lapider la pécheresse qu'on jetait à ses pieds.

Comment ne pas suivre cette directive et révéler aux couples chrétiens, la miséricorde infinie du Christ, que nous avons mission d'exercer pour les aider à surmonter leurs difficultés de vivre ?

N'est-ce pas la mission de toute Eglise ?

Ceux qui ont eu la chance de vivre ensemble, sans être blessés par cette épreuve du divorce, sauront apprécier ce bonheur comme une grâce.

Mais animés d'une vraie charité, ils sauront aussi comprendre le réconfort de ceux qui, moins heureux qu'eux, ont trouvé dans cet accueil chrétien, le signe authentique d'une Eglise qui, si humble soit-elle, leur révèle l'espérance de vivre dans l' Amour et la Miséricorde infinis de Dieu.

 

Mgr Maurice Cantor


EGLISE SAINTE MARIE
B.P. 5.  - 35 RUE DE LA VATINE.
76131 MONT ST AIGNAN CEDEX
Tel 02 35 59 82 59
E-Mail : eglise-sainte-marie@wanadoo.fr

 

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