HISTOIRE DE L'EGLISE  SAINTE  MARIE

 

PREFACE


De nombreux fidèles nous ont demandé de pouvoir relire une partie de l'Histoire de l'Eglise éditée par nos soins en 1987 à 60.000 exemplaires ainsi que l'histoire de notre communauté fondée en 1964.

Cette fondation exigeait du courage et une certaine audace à cette époque, pour ouvrir une Eglise à Mont Saint Aignan aux portes de l'Archevêché de Rouen.

Cette communauté attachée à la foi catholique traditionnelle, rencontra bien sûr toutes sortes de difficultés. Certains membres du clergé, furieux de voir s'ouvrir une Eglise Catholique Traditionnelle aux lisières de Rouen, se lancèrent les uns après les autres dans des invectives les plus invraisemblables, parfois au mépris des droits de l'homme, et souvent par des procédures peu conformes aux exigences charitables de leur état.

On employa tous les moyens possibles et inimaginables. Rien n'y fit ! l'Eglise Sainte Marie ne cessa de se développer à la barbe des grincheux et de la toute puissance cléricale qui n'était pas tout à fait innocente de certaines procédures engagées contre elle.

Interdiction de monter à la Chapelle ! C'était méconnaître les Normands qui s'empressèrent de braver l'interdit moyenâgeux. Ils découvrirent une communauté fidèle à la liturgie catholique traditionnelle comme ils l'aimaient, et une ouverture pastorale évangélique.

On ne mettait personne à la porte. On cherchait à comprendre et à se mettre à la place de celui qui venait demander un baptême, un mariage, une communion solennelle, du catéchisme, une aide, une guérison spirituelle.

Mgr Cornejo, ancien évêque auxiliaire du Cardinal Ricketts, Primat du Pérou, vint rejoindre la communauté de l'Eglise Sainte Marie et conféra la consécration épiscopale à Mgr Maurice Cantor,.

Les Universités Catholique Romaines de Toulouse, d'Ottawa, de Louvain, consultées, attestèrent toutes la parfaite validité de cette consécration. C'est Mgr Cornejo qui conféra également en 1980sacerdoce l'ordination épiscopale au Père Claude Ducroq et au Père Roland Fleury, assurant ainsi la pérennité de la parfaite validité de la succession apostolique au sein de la communauté.

Les années passèrent, malgré les attaques, les pièges, les coups bas de toutes sortes ! Qu'importe ! le Père fondateur avait les reins solides et la foi chevillée au corps. Il avait pour mission d'annoncer la bonne nouvelle de l'Evangile, de faire connaître et de faire aimer Notre Seigneur.

Il avait avec lui une équipe de prêtres dévoués et chevronnés, toujours les mêmes aujourd'hui .

Au bout de 35 ans, la communauté s'est beaucoup développée, ses racines se sont enfoncées solidement dans le sol chrétien. De 1964 à 1998, 18.903 enfants furent baptisés, 12.634 personnes reçurent le sacrement du mariage, 10.055 enfants firent leur communion solennelle, 399 inhumations.

Aujourd'hui elle avance en eau profonde, soutenue par plusieurs dizaines de milliers de fidèles. Elle est membre du conseil international des églises communautaires, membre du Conseil œcuménique des Eglises.

L'Eglise Sainte Marie progresse de jour en jour.

Cependant trop de fidèles ignorent encore l'histoire du passé de l'Eglise Catholique Romaine. Or cette connaissance permet de se faire un jugement équitable sur la relativité de ses pouvoirs et de mieux comprendre le sens et l'histoire de la fondation de l'Eglise Sainte Marie.

Si l'Eglise est une institution, qui comme toutes les autres, a son rôle à jouer dans la vie des hommes, elle ne doit pas cependant s'arroger des pouvoirs absolus qui ne sont pas les siens ni prendre la place du maître…Celle du Christ Jésus.

Nous voudrions la voir plus humaine, plus humble, plus accueillante, moins prisonnière de principes qu'elle ne suit pas toujours elle-même, plus vraie dans son approche de la condition humaine et donc plus juste et plus compatissante.

Bref, nous voudrions la voir meilleure, parce qu'elle représente le seul, qui soit capable de toucher nos cœurs : Jésus, Christ, Dieu fait homme …

La période la plus sombre et la plus contestée de l'Eglise doit nous permettre de mieux saisir la relativité de l'institution ecclésiastique par rapport à l'absolu de Dieu.

Père Claude Ducroq

 

L'INSTITUTION ECCLESIALE…


Trop de fidèles ignorent encore l'histoire du passé de l'Eglise Catholique. Or cette connaissance permet de se faire un jugement équitable sur la relativité de ses pouvoirs et de mieux comprendre le sens et l'histoire de la fondation de l'Eglise Sainte Marie.

l'Eglise est une institution, qui comme toutes les autres, a son rôle à jouer dans la vie des hommes, elle ne doit pas cependant s'arroger des pouvoirs absolus qui ne sont pas les siens ni prendre la place du maître…Celle du Christ Jésus.

Nous voudrions la voir plus humaine, plus humble, plus accueillante, moins prisonnière de principes qu'elle ne suit pas toujours elle-même, plus vraie dans son approche de la condition humaine et donc plus juste et plus compatissante.

Bref, nous voudrions la voir meilleure, parce qu'elle représente le seul, qui soit capable de toucher nos cœurs : Jésus, Christ, Dieu fait homme …

La période la plus sombre et la plus contestée de l'Eglise doit nous permettre de mieux saisir la relativité de l'institution ecclésiastique par rapport à l'Evangile.

Le domaine souverain reste notre conscience.

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C'est en 1964 à Mont Saint Aignan sur la hauteur de Rouen en Seine Maritime que l'Eglise Sainte Marie a été fondée sous l'égide de Mgr Maurice Cantor. Des dizaines de milliers de familles chrétiennes attachées à la foi catholique traditionnelle et sensibles à une pastorale plus évangélique, lui apportèrent son fidèle et admirable soutien.

En effet, de plus en plus de chrétiens constatent un décalage profond entre les lois de l'Eglise et leurs réalités quotidiennes. De telle sorte que certaines lois ecclésiastiques ne sont pas appliquées parce qu'elles ne sont pas difficilement applicables. Elles ne tiennent pas compte de la condition humaine.

Nombres de prescriptions de l'Eglise passent au-dessus de la tête des fidèles. Elles s'adressent plutôt à des anges. Résultat, chacun agit selon ses possibilités et sa conscience.

L'Encyclique du pape Paul VI " Humanae Vitae " sur le contrôle des naissances a été une illustration significative de cette réaction par son accueil mitigé auprès des fidèles !

Mais il y a un autre problème aussi important ; c'est celui de constater la grande ignorance des fidèles concernant l'histoire de leur Eglise. Ils ne savent rien de son passé… ou si peu !

Et dès que l'on veut les instruire et leur ouvrir les yeux sur ce passé pour mieux la comprendre et saisir la part culturelle de son cheminement, tout de suite, certains considèrent cela comme une provocation, sinon comme un acte de lèse-majesté !

Comment osez-vous remuer son passé, nous dit-on !

Mais tout simplement pour mieux le connaître !

Cette connaissance est primordiale. Elle nous permet de relativiser l'absolu de certaines de ses lois et de les situer à leur vraie place par rapport à l'essentiel de sa mission Evangélique !

L'académicien Alain Peyrefitte nous explique la justification de cette attitude.

" L'Eglise, qui n'est pas romaine pour rien, a toujours essayé de résoudre ses crises par la rigidité juridique chaque fois que surgit un problème grave, elle ne réagit pas par des moyens spirituels ou moraux, mais par un surcroît de réglementation. " (Le mal français. Plon).

La justesse de cette analyse trouve malheureusement sa confirmation dans l'histoire de l'Eglise Romaine qui nous donne matière à réflexion.

L'Eglise n'est pas Dieu ! Elle est la servante des hommes et la messagère d'une bonne nouvelle, celle de l'Evangile avant toute autre mission !

Connaître l'histoire de l'Eglise ne peut être que bénéfique. Elle est composée d'hommes, fragiles et pécheurs. Chacun le sait, elle ne fait pas exception à la loi. Mais l'important, c'est la personne du Christ Jésus, Dieu fait homme, qui est sauveur et rédempteur ; l'important, c'est son message, son enseignement que l'Eglise doit transmettre fidèlement.

Le Christianisme des premiers siècles était un élément étranger au sein de la culture grecque et romaine. Pour la religion Juive, qu'un homme puisse se déclarer Dieu, était un scandale et méritait la mort. C'est ce qui se produisit !

L'élite du peuple juif, dépositaire de la révélation divine, ne put admettre la sagesse de Dieu qu'il considéra comme une folie: celle de l'incarnation !

Cependant cette nouvelle religion de l'amour infini de Dieu en Jésus Christ, se développa assez rapidement, non sans subir de nombreuses et cruelles persécutions de la part du pouvoir Romain.

Au 4ème siècle, déclarée religion de l'empire, l'empereur Constantin quitta Rome et s'établit à Constantinople. Ce fut à l'origine d'une scission importante au sein de l'église catholique, c'est-à-dire universelle.

Progressivement une rivalité s'établit entre l'ancienne capitale Rome et la nouvelle Constantinople. A la mort de l'empereur la scission ne fit que s'aggraver.

Les problèmes politiques et religieux, l'influence de la culture orientale, la pratique de la langue grecque pour l'orient, latine pour l'occident, ne firent que mieux différencier et opposer les églises qui devinrent : l'une Occidentale et Romaine, l'autre Orientale et Orthodoxe.

Le schisme, c'est-à-dire la séparation des deux grandes églises devint effectif au XIIème siècle.

Les causes sont multiples. Les deux Eglises rivales s'excommunièrent mutuellement, se firent ensuite la guerre, sans la moindre aménité, avec toute la cruauté de l'époque, mais toujours au nom de Dieu !

Elles se livrèrent aux excès aberrants d'un fanatisme cruel, irréductible et destructeur.

L'Eglise Romaine, persécutée qu'elle était au temps des catacombes, devint persécutrice lorsqu'elle fut élevée au rang de religion d'état.

Ce constat est le même pour toutes les Eglises. Les hommes d'Eglises restent toujours des hommes !

Une caste cléricale privilégiée s'empara progressivement du pouvoir dans l'Eglise qu'elle considéra comme un bien personnel, comme un domaine qu'il fallait exploiter.

Elle devint par la force des choses, impitoyable à l'égard de toute opposition intellectuelle, de toute manifestation de liberté de conscience ou d'indépendance.

Pour cela elle institua l'inquisition, du latin : quaerere qui veut dire chercher, dépister ! Bien sûr, pour la sacraliser, on lui donna le nom de "Sainte Inquisition ".

Ce système de coercition fut mis en place par le pape Gratien qui se référait à un texte falsifié du pape Grégoire le Grand. Celui-ci prétendait sans vergogne que c'était le devoir de l'Eglise que de contraindre les hommes au bien et que par conséquent il était normal de les torturer ou de les mettre à mort pour sauver leurs âmes des peines de l'enfer !

Les Espagnols qui envahirent le Pérou, massacrèrent les Incas. Mais ils prenaient soin, avant de faire mourir leurs prisonniers avec un garrot, de les baptiser pour qu'ils puissent quand même aller au ciel ! ! !

Quelle délicatesse ! Remarquons là, le poids des agissements culturels de l'époque ! Comme quoi, il est nécessaire d'avoir son propre jugement en toutes choses et de pas tout prendre pour du pain bénit !

C'est ainsi que le pape Innocent III ordonna de traiter comme hérétique quiconque se distinguerait, en quoi que soit, du genre de vie habituel de la grande masse !

La conviction erronée et entretenue selon laquelle le pape ne pouvait pas se tromper a pu amener la chrétienté à se laisser imposer en silence ce code inhumain qui était la négation de toute justice et de toute charité chrétienne.

La longue série des ordonnances papales sur la sainte inquisition augmentèrent en dureté et en cruauté.

Cependant, il faut dire qu'au XIème siècle et dans la première moitié du XIIème, les voix les plus autorisées de l'Eglise, Saint Bernard en tête, ont protesté contre la persécution et l'exécution des hérétiques.

Ils rappelaient que le Christ avait interdit expressément l'usage de la violence.

Cette procédure scandaleuse ne pouvait que susciter la haine contre l'Eglise. Le prêtre, messager de paix, devenait un bourreau.

Cependant, sur la longue série de papes depuis Lucien III , pas un seul n'a essayé d'imposer des limites au pouvoir arbitraire et illimité des inquisiteurs.

Aucun, même des hommes bienveillants et d'un caractère doux, comme Honoré, Grégoire X, Célestin V , n'a entrepris de réagir contre cette monstrueuse inquisition.

Nous voyons là, l'importance de l'idéologie sur le comportement. Tous étaient persuadés de bien faire ! Ils étaient de bonne foi ! Tout pour la gloire de Dieu !

Et cependant, les plaintes s'élevaient de toutes parts, contre ces moines fanatiques et avides qui se servaient de leur fonction et de leur pouvoir pour extorquer de l'argent et s'enrichir honteusement.

Rien n'y fit !

La papauté tirait un trop large profit de toutes ces spoliations ! Il n'était plus question de morale, mais de profit.

C'est pourquoi le pape Alexandre IV donna aux dominicains la faculté de s'absoudre mutuellement pour les irrégularités qu'ils seraient amenés à commettre dans l'exercice de leurs fonctions.

Le pape Innocent IV augmenta les pouvoirs des inquisiteurs et les leva de toutes sanctions spirituelles dans l'exercice de leur mission.

Il ordonna l'emploi de la torture qu'approuvèrent les papes Alexandre IV, Clément IV, Calixte III.

Ce fut le pape, qui en 1229 fit signer au jeune Roi Louis IX, alors âgé de 14 ans, cette loi cruelle de faire brûler les hérétiques, y compris les enfants.

Ce fut Rome qui obligea l'empereur Frédéric II à imposer la peine du bûcher, la confiscation des biens, et la suppression légale de toute procédure contre les hérétiques, leurs défenseurs et leur amis.

On se souvient de cette boutade de l'Abbé de Citeaux, Arnaud Almaric, légat du pape lors de la prise de Béziers le 22 juillet 1209 et qui fit plus de 30.000 victimes, femmes et enfants : " Tuez-les tous, Dieu y reconnaîtra les siens ! ".

Nul doute, que ce légat était de bonne foi, convaincu de faire son devoir pour la gloire de Dieu !

Il était tout simplement victime des idéologies culturelles et religieuses de son temps et quelque peu cruel !

D'où la nécessité absolue d'exercer son jugement en tous temps et de prendre ses distances à l'égard de tout ce qui peut paraître comme allant de soi !

Mais la réflexion, l'indépendance du jugement, ne sont pas monnaie courante ! L'esprit grégaire a un tel pouvoir !

Faire comme tout le monde ! Ne pas se singulariser ! Combien de fois n'a-t-on pas entendu cela !

On imagine mal aujourd'hui la terreur qui se répandit dans la chrétienté.

Les dominicains, "Les chiens du Seigneur" comme les appelait le peuple, furent les Maîtres de ce ravage spirituel. Ils parcouraient les villes et les campagnes dans le but de découvrir les ennemis de la foi catholique et romaine.

COMMENT PROCEDAIENT-ILS ?

Les autorités locales étaient prévenues de l'arrivée des inquisiteurs dominicains. La population était rassemblée sur la place du marché à une heure déterminée.

L'inquisiteur prononçait alors un sermon et annonçait qu'il recevrait chaque habitant afin que chacun puisse lui rapporter fidèlement tout ce qu'il avait vu et entendu dire, et de dénoncer ceux qu'il suspectait d'hérésie ou ceux qui avaient pu entrer en contact avec les hérétiques.

Ceux qui étaient absents ce jour-là, étaient automatiquement suspectés et arrêtés.

Nous avons connu ces méthodes sous l'occupation Nazie.

Tout témoignage était reçu et les accusateurs n'avaient jamais à fournir la preuve de leurs dires.

C'était la porte ouverte à toutes les vengeances, aux calomnies, à la délation ou à la cupidité ! Car le dénonciateur recevait sa part de bien des condamnés, le reste allait tout simplement à l'Eglise !

Nombre d'inquisiteurs s'enrichirent ainsi honteusement, sans parler de l'Eglise qui s'empara du patrimoine de ces malheureux qui voyaient tous leurs biens confisqués !

Le pape Grégoire IX encourageait les enfants à dénoncer leurs parents, les maris leurs femmes et les femmes leurs maris.

Les accusés ignoraient totalement les griefs formulés contre eux.

Ils ne connaissaient même pas leurs accusateurs. Ils devaient à leur tour dénoncer tous ceux qu'ils considéraient comme suspects.

Les noms des témoins à charge étaient toujours gardés secrets ! Douce peine d'être seulement condamné à porter une croix jaune. Hitler ne fera que reprendre la pratique de l'inquisition romaine. Cette condamnation était prononcée à vie. Ainsi le malheureux qui avait été dépossédé de tous ses biens, n'avait plus aucun droit civique. Il était littéralement retranché, exclu de la société.

Si par hasard, le condamné persistait à proclamer son innocence, il était alors soumis à la torture. Rares sont ceux qui n'avouaient pas tout et n'importe quoi dans ces conditions.

Selon le droit Canon…astucieux au possible, la torture ne devait être appliquée qu'une seule fois, par chef d'accusation.

Si les accusés se rétractaient, ils étaient remis entre les mains du bourreau, non pas pour recommencer la torture, (ce qui était interdit ) mais seulement pour la continuer ce qui n'est pas la même chose ! ! !

Certains pourraient nous dire, pour comprendre et justifier ce saint zèle, qu'il faut se remettre dans la mentalité et les pratiques de l'époque, qu'il ne faut pas juger ces méthodes avec notre sensibilité moderne ! Autres temps, autres mœurs ! Peut-on tout expliquer ou tout justifier avec des arguments de ce genre ?

Les Nazis, pendant la guerre, ne firent pas autre chose. Mais c'est vrai aussi, qu'ils n'étaient pas les disciples du Christ, non plus !

Le Roi Philippe le Bel portait ce jugement sur les inquisiteurs de son temps :

" Sous l'apparence de la piété ; Ils ont osé des choses impies et inhumaines ; Sous prétexte de défendre la foi catholique, ils ont commis les pires des forfaits ".

Le clergé en effet, y trouvait un large profit puisque les biens des condamnés passaient dans le trésor pontifical ! Il faut dire qu'à cette époque, la cupidité des papes était sans bornes !

C'est ainsi que le pape Benoît IX fut élu pape à l'âge de 14 ans ! Il fut maintenu par sa famille sur le trône pontifical à prix d'or.

C'est elle qui gouvernait l'Eglise. Il vendit sa place pour une forte somme d'argent à son parrain qui prit le nom de Grégoire VI.

Un autre pape fut élu aussi jeune, à 16 ans, ce fut Jean XII, un des papes les plus dépravés de l'histoire.

A cette époque, la papauté était entre les mains d'une femme, Marosie, épouse de Théophylacte, fonctionnaire d'une place très importante de la cour pontificale.

Elle s'ingéra directement dans les affaires romaines et sut tellement intriguer qu'elle dirigea la papauté pendant quarante ans.

Elle fit monter sur le trône pontifical son fils Jean XI qu'elle avait eu du pape Sergius III en 931

On appelle cette période très sombre de la papauté " L'âge de fer ". En l'espace de huit années, Neuf papes se succédèrent à Rome et tombèrent sous l'influence néfaste d'une femme appelée "Marosie." Quant au pape Alexandre Borgia, que tout le monde connaît, il établit ses bâtards aux places les plus avantageuses et prestigieuses de la papauté.

Il est inutile d'aller plus avant dans cette liste de personnages qui illustrèrent à leur manière et en leur temps leur sinistre passage sur le trône de saint Pierre.

Plus proche de nous et de notre histoire de France, les guerres de religion entre protestants et catholiques furent les derniers spasmes d'un fanatisme aberrant et atroce.

C'est ainsi que sur une population de seize millions d'habitants en France, quatre millions de personnes moururent entre 1562 et 1598, victimes des guerres de religions.

Le 22 août 1572, le cardinal de Lorraine incita la Reine Catherine de Médicis à organiser la chasse aux protestants à Paris. Des milliers périrent ce jour-là et les mois suivants ; 8.000 à Paris et 400 à Rouen : la Saint Barthélemy fut un carnage. A Meaux, à Orléans, à Saumur, la boucherie fut horrible.

Le pape Pie V écrivait en mars 1569 à Catherine de Médicis cette exhortation à poursuivre l'œuvre entreprise.

" Ce n'est que par l'extermination entière des hérétiques que le Roi pourra rendre à ce royaume l'ancien culte de la religion catholique. Si votre majesté continue à combattre ouvertement et ardemment les ennemis de la religion catholique, jusqu'à ce qu'ils soient tous massacrés, qu'elle soit assurée que le secours divin ne lui manquera jamais ! ".

Voltaire avait bien raison de dire : " Le fanatisme est un monstre qui ose se dire le fils de la religion ".

Ce fut dans ce même état d'esprit que le 15 février 1849, il y a à peine 150 ans, le pape Pie IX écrivait de la ville de Gaète où il s'était réfugié, chassé de Rome par les libéraux, les jacobins et les carbonari :

" Bien-aimés frères, les républicains appartiennent tous à la race perverse, ils veulent détruire la religion, c'est nous au contraire qui devons les détruire. Voyez les paysans dévoués et dites-leur qu'au premier signal, ils accourent au Saint rendez-vous.

Chacun devra sans pitié plonger son poignard dans la poitrine des ennemis de la religion et faire disparaître jusqu'au dernier de ses ennemis, sans excepter les petits enfants, pour se soustraire à la vengeance qu'ils ne manqueraient pas d'exercer un jour contre la société ".

On croit rêver ! Et pourtant ce document fait partie des pièces consignées au procès du moine Rossi, rédigé et publié par le tribunal ordinaire de Foligno le 27 avril 1849.

Ce ne fut qu'en 1870 que l'inquisition fut abolie dans les états pontificaux par l'instauration de la République Italienne.

L'historien John Locke, dans sa lettre sur la tolérance, écrivait en 1658 ces quelques lignes significatives :

" Le christianisme des trois premiers siècles était une religion douce, bénigne, patiente qui n'inspirait pas à s'élever sur les trônes par voie de rébellion, mais celui qui fut annoncé aux fidèles du XVIème siècle n'était plus cela, c'était une religion sanguinaire, meurtrière, accoutumée au carnage depuis cinq ou six cents ans.

Elle avait contracté une longue habitude de se maintenir et de s'agrandir en faisant passer au fil de l'épée tout ce quI lui résistait.

Les bûchers, les bourreaux, le tribunal effroyable de l'inquisition, les croisades, les bulles qui excitaient les sujets à se rebeller, les prédications séditieuses, les conspirations qu'elle entretenait contre ceux qui ne se soumettaient pas à elle ".


Quelle était donc la stratégie de cette religion dite chrétienne ?


Un petit nombre insignifiant de chrétiens, destitués de tout, arrive dans un pays Païen. Ces étrangers implorent des habitants au nom de l'humanité, de leur venir en aide pour le strict nécessaire ;

On leur donne ces premiers secours matériels, on leur accorde des lieux de séjour et de culte. Ils se réunissent tous et croissent en une seule société.

La religion chrétienne par ce moyen, prend racine dans ce pays, s'étend, mais ne devient pas immédiatement la plus puissante.

Tant que les choses sont dans ces conditions, la paix, l'amitié, la confiance, et une justice égale pour tous sont maintenus parmi les habitants.

A la longue, un chrétien devient magistrat et par cette voie, leur parti devient plus puissant.

Alors immédiatement, tous les pactes sont rompus ;

Tous les droits civils sont violés, afin d'extirper l'idolâtrie, à moins qu'ils n'abandonnent leur ancienne religion, ils seront évincés de leur terre et des biens de leurs aïeux et peut-être même privés de vie…

Cette analyse est valable pour tout système politique, racial ou religieux.

C'est ainsi que tout peut arriver… dans n'importe quel pays ! Même en France ! Bien des pays subissent encore aujourd'hui le pouvoir tyrannique de religieux fanatiques… Quand ce ne sont pas les purifications ethniques en Europe centrale…

Faut-il parler maintenant d'une pratique non moins scandaleuse, celle des castrats de la chapelle Sixtine ?

L'Eglise a encouragé la castration de jeunes enfants, destinés à faire carrière à la schola cantorum de la Basilique Saint Pierre.

Par ce procédé barbare, ces jeunes gens conservaient leur vie durant, une voie cristalline à défaut d'autres possibilités naturelles, mais ils avaient le grand bonheur de rehausser la qualité artistique des offices religieux de l'Eglise. Piètre consolation semble-t-il.

Cette intervention fut abolie définitivement à la chute des états pontificaux, en 1870 ! Le dernier castrat de la Schola cantorum mourut à Venise en 1909.

On voit mal aujourd'hui une pareille intervention se pratiquer au nom des droits de l'homme.

Depuis le Concile en 1962, Le Vatican s'est fait alors publiquement le fervent défenseur des droits de l'homme !

Il était temps ! Car les manquements avaient assez duré.

Savez-vous que lorsque L'Eglise Romaine concluait un Concordat avec un état catholique, il était stipulé ce paragraphe, relatif aux prêtres qui quitteraient l'état ecclésiastique.

" Tout prêtre qui se retire du ministère pour se marier ne pourrait en aucun cas être admis aux postes les plus humbles de l'administration publique, fut-ce celui de concierge "… On croit rêver !

Il fallait empêcher à tout prix que le prêtre qui quittait l'Eglise romaine ne puisse trouver du travail et accéder à une position sociale enviable. Sa détresse matérielle devait apparaître clairement pour les autres, comme un juste châtiment et décourager toute velléité d'imiter un pareil exemple.

N'était-ce pas la fine pointe d'une psychologie dissuasive, prônée par une église dite chrétienne ?

Cette clause honteuse fut insérée à la loi fondamentale de la République italienne. Elle parut si honteuse qu'au mois d'octobre 1967, le parti socialiste Italien proposa au parlement de l'abolir.

Au nom de quel Evangile, l'Eglise Romaine imposait-elle de tels concordats ?

Il n'y a rien à répondre. Les faits sont là, plus accablants qu'un long discours ! Il fallait quand même le dire !

Un évêque de l'Amérique Latine qui avait quitté le ministère et qui cherchait du travail, connut le même procédé. La nonciature du pays prévenait chaque fois l'entreprise concernée que le Vatican n'était pas favorable à cette embauche. L'évêque, toujours vivant, peut en témoigner encore, rien n'avait beaucoup changé en 1969.

Depuis cette date, il semble que les mentalités et les procédés du Vatican en la matière se soient sensiblement améliorés.

La pratique de l'esprit évangélique a fini par atteindre les hautes sphères de la curie romaine. Monseigneur Gaillot en sait quelque chose. Il est toujours en vie !

Les fidèles ont-ils droits au chapitre ? l'autorité religieuse les consulte-t-elle ? Ont-ils le droit de faire connaître leur avis ?

Non ! Les fidèles doivent tout simplement obéir !

Les structures de l'Eglise Romaine sont une monarchie absolue. Les fidèles n'ont pas été consultés au Concile de Vatican II pour savoir s'ils souhaitaient tous les changements survenus ces dernières années sur le plan liturgique.

On leur a imposé tout simplement les directives d'une pseudo élite, d'une oligarchie cléricale. On leur interdit l'usage de la Messe catholique traditionnelle ! Elle fut ensuite tolérée ici ou là au bon vouloir de l'évêque du lieu.

Certes, personne ne monte plus sur les bûchers aujourd'hui, mais cela ne signifie pas l'inexistence du pouvoir religieux.

N'a-t-on pas déplacé ou mis d'office à la retraite tout ecclésiastique qui osait protester contre ces mesures obligatoires ou qui maintenait la liturgie traditionnelle ?

L'Eglise s'est comportée en cette circonstance comme toujours avec l'usage scandaleux du pouvoir absolu.

Là encore, il est bon de rappeler ce que faisait remarquer l'académicien Alain Peyrefitte, cité plus haut, sur la pratique juridique de l'Eglise.

Les religions parvenues au pouvoir absolu tolèrent difficilement la liberté ou l'indépendance de leurs fidèles.

Ils exigent toujours l'obéissance la plus totale, sinon la plus servile à l'exécution de leurs desseins.

Tout cela, bien entendu, pour le bien de leurs âmes.

C'est trop souvent au nom de Dieu, que les peuples ont été écrasés par des lois inhumaines.

C'est au nom de Dieu que les pauvres condamnés montaient sur les bûchers et qu'ils étaient grillés comme des brochettes ! Le résultat ne se fit pas attendre !

Dès que les peuples purent enfin se libérer du pouvoir de l'Eglise, celle-ci passa un très mauvais quart d'heure. Le retour de bâton fut cruel.

L'Eglise fut à son tour persécutée. Mais ce furent souvent les pauvres curés qui payèrent pour leurs chefs.

Là encore, la cruauté dépassa la fiction.

On laissa mourir des centaines de prêtres sur les pontons de Rochefort où ils endurèrent le martyr. On en fusilla des centaines d'autres. l'Eglise paya très cher cette période de purification cléricale !

La tourmente passée, les fidèles acquirent la liberté de pensée qui leur avait toujours manqué. De nos jours, une bonne partie des fidèles savent faire la part du feu !

Le pape peut parler, lancer des encycliques. La majorité des chrétiens les ignorent ou ils les contestent ouvertement, lorsque celles-ci veulent régenter leur vie intime.

En fait, chacun agit selon sa conscience. Tel est le sentiment général tant pour les fidèles que pour le clergé. Ce qui ne veut pas dire du tout, que l'on soit hostile envers la papauté. On rend hommage au courage du pape actuel, à son impact politique lors de l'effondrement du communisme soviétique, à sa grande valeur morale et spirituelle. Les papes de la fin du XIXème au XX ième siècle ont été de grandes figures morales et spirituelles, qui font l'honneur de l'Eglise Romaine.

Mais les gens se rendent compte qu'entre la théorie et la pratique il y a tout un monde. Les fidèles font de leur mieux, avec ce qu'ils ont et ce qu'ils sont. Certes l'Eglise rappelle que la conscience doit être éclairée aux normes de la morale chrétienne.

Mais c'est à chacun d'y répondre, selon ses possibilités et sa vocation personnelle !

Encore faut-il que soit tenu compte de la diversité culturelle de chaque peuple. Car, il n'y a pas que des catholiques romains sur terre !

Il y a des milliards de chinois, des milliards de gens qui vivent selon leur croyance et leurs traditions ancestrales.

Il y a aussi ceux qui doutent, ceux qui ne croient en rien et Il y a ceux qui croient que tous les autres sont dans l'erreur ?

Il y a ceux qui ne vivent que pour l'argent, que pour les plaisirs de la vie ou que pour faire du mal.

Il y en a pour tous les goûts ! C'est le constat de la diversité des espèces et des genres. La condition humaine est ainsi faite que malheureusement on y rencontre de tout, du meilleur comme du pire.

Les religions dignes de ce nom, invitent leurs fidèles à vivre en bonne intelligence les uns avec les autres, à pratiquer des sentiments d'altruisme généreux, à avoir le souci du bien commun, à croire et à pratiquer l'enseignement de leur religion qui doit les aider à s'élever spirituellement.

Mais ces religions doivent éviter un travers assez détestable; celui du fanatisme et de la suffisance.

Est fanatique, celui qui est animé d'une foi intraitable et d'un zèle aveugle et passionné.

Est suffisant, celui qui a une trop haute idée de lui-même, qui tranche de tout, sans douter de rien, qui est arrogant et prétentieux.

Au cours de son histoire, L'Eglise n'a-t-elle pas voulu se mêler de tout, se considérant comme " la norme " de toutes choses, de toute science humaine, et pour cela, bavardant sur tout, souvent à tort et à travers.

Elle s'est occupée d'astronomie et elle a condamné Galilée qui prétendait que la terre tournait et qu'elle n'était pas le centre du monde…

Elle a parlé de médecine et elle a ordonné la fermeture des écoles de médecine d'Alexandrie et d'Athènes.

Elle a parlé de chirurgie et l'a condamnée en 1215, elle a déclaré sacrilège la dissection et l'étude de l'anatomie, retardant jusqu'à la fin du XVIème siècle tout progrès de la science médicale.

Elle a interdit la vaccination en 1815 et la création du chemin de fer dans les états pontificaux. Mais il est vrai que l'infaillibilité pontificale ne date que du 18 juillet 1870.

Quant aux gens de théâtre, elle leur interdit toute inhumation religieuse. Molière en fut une des illustres victimes !

Cette mesure ne date pas d'hier, mais du concile d'Arles en 314.

Elle condamna toutes initiatives de traduire en français les prières liturgiques tellement elle avait peur du savoir des autres.

Cela malgré les réclamations courageuses de certains évêques, soucieux de permettre au peuple d'accéder à la connaissance et à la compréhension des textes religieux.

Mais en 1898, sous le pape Léon XIII, cet interdit moyenâgeux de la bêtise cléricale tomba, comme les autres, sous la pression de l'intelligence culturelle moderne.

N'est-ce pas en Suède que l'Eglise avait interdit aux femmes la pratique du patin à glaces, sous peine de péché mortel ? Combien d'autres exemples, aussi aberrants et ridicules, ne pourrions-nous pas citer !…

Où l'Eglise pouvait-elle trouver le secret de sa suffisance ? Ne serait-ce pas dans cette idolâtrie de la papauté ainsi que le disaient ouvertement quelques évêques français à la fin du XIXèmè siècle ?

La revue des jésuites : " La civita Cattolica ", expliquait le plus sérieusement du monde que " lorsque le pape médite, c'est Dieu qui pense en lui ". Pauvre cervelle divine quel affront !

Mgr Mermillod, évêque de Genève, n'hésitait pas, quant à lui, à prêcher sur les trois incarnations du Fils de Dieu : La première dans le sein de Marie, la seconde dans l'eucharistie, la troisième dans le vieillard du Vatican !

Quand on connaît l'histoire scandaleuse de certains papes, on peut se poser des questions !

Voilà où peut mener la papolâtrie de certaines cervelles cléricales, quelques peu débiles !.

Ce que reconnut publiquement et solennellement Le vénérable patriarche Melchite d'Antioche.

Lors de la première session du concile de Vatican II, Il stigmatisa cette papolâtrie maladive et ridicule, en déclarant le 6 décembre 1962 :

" Nous sommes écœurés lorsque nous lisons des intempérances de langage qui tournent à l'impiété, telles que celles-ci :

" Le pape est Dieu sur la terre, Jésus l'a placé au-dessus des prophètes, au-dessus de Saint Jean le précurseur, au-dessus des anges, au niveau même de Dieu ! ".

Cette folie des grandeurs amena la papauté à une bataille assez particulière. La place de souverain pontife était si rentable pécuniairement qu'elle devint l'objet d'une convoitise éhontée. Cette lutte papale déchira l'Occident.

Trois papes se partagèrent le pouvoir pontifical et régnèrent en même temps sur le peuple chrétien au XVIème siècle : Benoît XIII, Grégoire XII et Jean XXIII (Balthasar Cossa). Ne pas confondre avec Angelo Roncalli qui prit aussi le nom de Jean XXIII. Ce drame dura 90 ans. Cela aurait dû inciter l'Eglise romaine à étaler moins de suffisance et plus d'humilité ! Nous en reparlerons plus loin.

Cette suffisance, l'Eglise la manifesta, non seulement dans l'exercice du pouvoir temporel, mais aussi et surtout grâce à son pouvoir spirituel implacable.

Comment se rendre maître définitivement de ce refus ultime et sacré qu'est la conscience humaine ?

Par un moyen très simple qui allait devenir une arme redoutable et odieuse, une sorte d'arme absolue entre les mains de l'Eglise : rendre obligatoire ( elle ne l'était pas encore ) la confession à un prêtre et ainsi contrôler complètement la vie secrète des individus et pour ainsi dire de tous les fidèles.

Dans la primitive Eglise, on se confessait directement à Dieu, car lui seul peut pardonner les péchés !

Notre " Je confesse à Dieu " au début de la messe, en est un témoignage liturgique antique.

Dans l'évangile, le Christ rend hommage à ce publicain qui, humblement, à genoux, confesse à Dieu qu'il est un pauvre pécheur.

Le Christ souligne alors que cet homme s'est relevé justifié par sa foi et sa contrition.

C'est à Dieu que l'on fait l'aveu des fautes privées. Lorsqu'on demande aux apôtres ce qu'il faut faire pour être sauvé, leur réponse n'est pas confesse-toi à nous ! Mais crois au seigneur Jésus et tu seras sauvé !

Les pères de l'Eglise aux premiers siècles ignoraient totalement ce qu'était la confession faite à un prêtre.

Voici ce qu'enseigne Saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, dans ses instructions dominicales, sermon 5, " De inconpréhensibila natura " (t.1 p.600) :

" Je vous exhorte et vous supplie de confesser vos péchés à Dieu, car je ne vous fais pas comparaître sur la scène devant vos compagnons, je ne vous force pas à révéler aux hommes vos péchés, ouvrez votre conscience à Dieu, montrez-lui vos blessures, lui qui vous guérit, même si vous gardez le silence, il sait tout "

" As-tu péché ? Entre dans l'Eglise et dis à Dieu : j'ai péché, seigneur, donne-moi ton pardon " je ne te demande que cela ! Les pères de l'Eglise sont tous unanimes sur ce point.

Cela nous rappelle que si le Christ nous a délivrés de l'ancienne Loi, ce n'est pas pour nous imposer de nouvelles plus pénibles encore !

Ni le Christ ni les apôtres n'ont songé à imposer la confession des péchés à un prêtre, comme condition du pardon.

D'où vient donc la pratique de la confession auriculaire faite à l'oreille d'un prêtre ?

Cet usage nous vient des moines de Saint Colomban en Irlande et il s'est répandu progressivement en France avec l'influence grandissante des monastères.

Le moine devait ouvrir sa conscience à son Abbé… et s'accuser des manquements à la règle ( observance du monastère ) .

L'ouverture du cœur que les moines devaient faire à leur Abbé, en lui dévoilant leurs moindres pensées secrètes, fut, peu à peu imposé aux fidèles des paroisses desservies par les moines.

Ce qui était une simple invitation, un geste de confiance, devint une obligation imposée à tous..

Lancés sur cette piste, certains théologiens, désireux d'implanter plus profondément l'emprise de l'Eglise sur les consciences de leurs fidèles trouvèrent que la prière d'intercession du prêtre : " que le Seigneur vous accorde la rémission de vos péchés "prononcée au cours de la messe était insuffisante. Ils imposèrent la formule suivante :

" Moi, je t'absous de tes péchés ". Ce qui donna une importance nouvelle au prêtre qui allait détenir un pouvoir terrible entre les mains du clergé lors de l'inquisition Romaine.

Progressivement cet usage de la confession auriculaire se répandit dans les paroisses desservies par les monastères. Des curés furent choisis parmi les moines, puis des évêques, enfin des papes.

Les curés vont porter la tonsure monacale, réciter le bréviaire monastique, être soumis au célibat des moines.

Finalement, l'Eglise, au XIIIème siècle, imposa cette pratique qui lui permettait de mieux contrôler les consciences de ses fidèles en cas d'hérésie.

C'est le pape Innocent III qui rendit obligatoire la confession au quatrième concile du Latran le 20 novembre 1215. Ainsi le prêtre juge au tribunal de la pénitence.

Les termes en disent long eux-mêmes ! on se mit à questionner les fidèles : " Combien de fois ? Avec qui ? Où ? Comment ? Obligation de dénoncer le partenaire ! ".

Rien n'y manquait pour dégoûter le pénitent d'y revenir !

Ce nouveau dogme et cette pratique furent à nouveau et officiellement proclamés lors de la XIVème session du concile de Trente le 25 novembre 1551.

Ce même pape, suivi par d'autres pontifes, poussa le cynisme jusqu'à interdire aux médecins, sous peine d'excommunication, de donner leurs soins aux malades qui ne présentaient pas un certificat de pénitence, en bonne et due forme, validé pour l'année en cours !

Qui sait cela ? Qui peut reconnaître dans ce procédé honteux le message du Christ que l'Eglise est sensée transmettre ?

Odieuse pratique qui violait les consciences.

Autre chose est la libre ouverture de son âme à un père spirituel pour bénéficier de ses conseils.

Autre chose est la violation des consciences !

Or Jésus nous a rappelé que Dieu était notre père et que, lorsque nous voulions le prier et lui demander pardon de nos fautes, c'était à lui que nous devions nous adresser…(dans le secret ) .

D'ailleurs, la liturgie primitive nous en a laissé un fidèle et précieux témoignage dans le " je confesse à Dieu "…

Le Concile de Chalon au IXème siècle, rappelle la pratique de l'Eglise.

Dans le canon 33, il est précisé : " on peut confesser ses péchés uniquement à Dieu ou bien si on le désire les confier à un prêtre, les deux choses se font dans l'Eglise pour le bien de tous ".

Le pardon de Dieu ne passera jamais par les cadres juridiques étroits où la conception judiciaire des clercs l'emportait sur la signification de la miséricorde de Dieu.

D'autre part, si la confession faite à Dieu remet les péchés, l'Eucharistie en est aussi le sacrement efficace par excellence qui remet les péchés.

 

L'EUCHARISTIE REMET LES PECHES


C'est Jésus lui-même qui en instituant le sacrement de l'Eucharistie, a dit : "Ceci est mon sang versé pour la rémission des péchés."

La tradition liturgique et patristique le confirme. L'Eglise orientale accompagne le don de la communion par cette déclaration : " Voici le corps de Notre Seigneur pour la rémission de tes péchés. "

Quant aux paroles de l'institution même de l'Eucharistie, elles sont sans équivoques : " Ceci est mon sang répandu pour la rémission des péchés ".

Le concile de Rouen au XIème siècle précise dans sa liturgie l'importance du pardon des péchés opérée par la réception de l'Eucharistie :

" Que le corps et le sang du Christ t'accorde la rémission de tes péchés et te donne la vie éternelle ".

" Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ".

C'est un aspect oublié et théologiquement certain du pardon des péchés par l'Eucharistie.

A la communion, le prêtre dit : " Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde " et après "Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et mon âme sera guérie ."

Non seulement les liturgies orientales abondent dans ce sens, mais aussi le sacramentaire de Vérone, typiquement occidental, qui représente la plus ancienne collection des textes liturgiques.

Pour Saint Ambroise, l'Eucharistie porte en elle-même une puissance rédemptrice qui remet les péchés.

" Chaque fois que tu manges le corps du Christ, tu reçois la rémission de tes péchés ".

De nombreux autres auteurs et Pères de l'Eglise parlent dans le même sens :

"Je dois recevoir le corps du Christ pour que toujours Il remette mes péchés." ( St Augustin )

Enfin, le concile de TRENTE en 1562, dans sa XXIIème session confirme cette tradition et proclame solennellement que :" le Saint Sacrifice de la Messe a bien le pouvoir de remettre les péchés, tous les péchés, si grands soient-ils "

C'est ainsi que les Eglises Chrétiennes du monde entier ont comme mission essentielle, celle d'annoncer la bonne nouvelle de l'Evangile et comme juridiction, celle d'exercer au nom du Seigneur, le ministère de la miséricorde et la compassion.

C'est l'œuvre pastorale de l'Eglise Sainte Marie

Le cheminement de ces questions nous a permis de mieux comprendre ce qu'il faut retenir de ce qui est essentiel dans l'enseignement de l'Eglise et de ce qui ne l'est pas.

Comme pour toute institution humaine, ses variations doctrinales ou pastorales sont tributaires de l'influence culturelle et sociologique de son histoire.

Nous avons été obligés de lever le voile sur certains de ces manquements pour mieux saisir ce qui est l'objet primordial de sa mission par rapport à ce qui ne l'est pas.

Ceci nous permet de garder une certaine autonomie de jugement. L'important, ce n'est pas l'Eglise en tant qu'institution aussi vénérable soit-elle.

C'est Dieu en Jésus Christ. C'est notre foi au Christ, en communion avec et dans l'Eglise.

Nous sommes parfaitement en droit d'exercer notre liberté de jugement et de décider en conscience si oui ou non nous acceptons toutes ses décisions.

Or l'histoire nous prouve, là encore, combien furent variables et contradictoires, sinon contre évangéliques, certaines lois de l'Eglise qui furent abandonnées de nos jours.

C'est dire combien nous avons le devoir de relativiser certaines décisions ecclésiales.

Elles ne peuvent nous engager sans l'approbation entièrement libre et réfléchie de notre conscience.

C'est un domaine où s'arrête heureusement le pouvoir de toute Eglise. " ab internis, neque ecclesia judicat ". L'Eglise ne juge pas le secret des cœurs.

C'est un domaine sacré qui ne lui appartient pas. Chaque fois qu'elle a voulu outrepasser cet interdit, elle a été bannie dans le cœur des hommes. Malheureusement, l'Eglise Romaine refusa longtemps cette liberté de conscience.

Le 8 décembre 1864, il y aura 135 ans fin 99, le pape Pie IX, dans son encyclique " Quanta Cura " et dans le " syllabus " condamnait solennellement :

Rien de moins !

Nous sommes loin de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et plus encore de la déclaration universelle de 1948 et de celle de 1998 de L'ONU.

Article 18 : Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.

Article 19 : Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression ; ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit.

Article 20 : Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifique.

Savez-vous qu'antérieurement à notre époque, tous les concordats passés avec des Etats Catholiques stipulaient l'interdiction formelle d'autoriser tout autre culte que celui de Rome.

En 1648, le pape Innocent X condamna la paix de Wesphalie, dans la bulle " Zélus Domus Dei " parce qu'elle garantissait aux protestants le libre exercice de leur religion et leur admission dans les emplois publics.

En 1789, le pape Pie VI écrivait aux archevêques allemands : " l'Eglise n'a jamais accepté cette paix parce qu'elle accorde la liberté de culte aux protestants ".

En 1818 la curie romaine n'a cessé de protester contre la constitution de Bavière parce qu'elle admettait l'égalité juridique des religions protestantes.

En 1824 le pape Léon XII adressa au Roi Louis XVIII une lettre le conjurant de supprimer de la charte Française les articles empreints de libéralisme en matière de liberté des cultes.

En 1830, c'est le Cardinal Latil, confesseur de Charles X, qui fit prendre au Roi les ordonnances de juillet, modifiant considérablement le projet de Constitution libérale !

En 1832 le 15 août, le pape Grégoire XVI proclama sa célèbre encyclique " Mirari vos " qui flétrissait la liberté de conscience, accordée par la constitution Belge et la considérait " absurdité insensée " quant à la liberté de la presse, le pape la jugeait " une erreur pestilentielle ".

En 1848 le Cardinal Gizzi, secrétaire d'état, protesta encore à cette époque, contre la liberté du culte accordée aux protestants par le traité de 1648 !

En 1852, le gouvernement pontifical obligea le Duc de Toscane à enlever aux médecins Israélites le libre exercice de leur profession, toujours en raison de la liberté de conscience et de culte refusée aux minorités confessionnelles.

En 1856, le gouvernement Pontifical déclara nulles les lois espagnoles qui introduisaient timidement les libertés des cultes.

En 1862 , le Vatican concluait avec l'Etat de l'Equateur, un concordat idéal à ses yeux.

Les autorités civiles étaient tenues d'exécuter toute peine prononcée par un tribunal ecclésiastique !

Evidemment l'article 1er du concordat stipulait l'interdiction formelle de tout autre culte que celui de l'Eglise Romaine.

En 1868, le pape Pie IX déclarait la constitution autrichienne "abominable " parce qu'elle autorisait les protestants et les israélites à ouvrir des écoles particulières pour leurs enfants.

Aucune liberté de pensée, d'opinion, de culte, là où l'Eglise romaine avait le droit exclusif à l'existence !

En 1910, le pape Pie X ne raisonnera pas autrement que le pape Pie IX cinquante ans plus tôt.

Il était d'ailleurs en droite ligne avec le pape Pie VI qui, en 1789, condamna solennellement " les droits de l'homme et du citoyen . "

Du moment que l'Eglise n'est pas la victime du pouvoir et de l'ordre établi, elle le sacralise et exige l'obéissance de ses fidèles aux princes qui les écrasent !

C'est ce que prêchent les évêques et le grand aumônier du Roi. Cette obéissance aux princes demeure la base de la société.

On comprend parfaitement le judicieux conseil que donnait Louis XIV, le 10 janvier 1681, lorsqu'il écrivait au Roi du Tonkin :

" La chose au monde que nous souhaiterions le plus pour vous et vos Etats, serait d'obtenir pour vos sujets la liberté de professer la religion des papes, cette loi étant la plus haute, la plus noble, la plus sainte et surtout la plus sûre pour faire régner les Rois absolument sur leurs peuples "

Le mot absolument sous la plume du Roi soleil a quelque chose de savoureux, sinon de cynique, à l'égard de l'Eglise Romaine !

Au début du XIX siècle, on enseignait encore dans les séminaires de France :

" Les sujets n'ont à apposer à la violence des princes que des remontrances respectueuses, sans mutineries, sans murmures, ainsi que des prières pour leur conversion ! "

En somme, fut-il un tyran, le prince a toujours raison !

En 1968, Le pape Paul VI, lors de son voyage en Amérique latine, exhorta à la patience les pauvres, employés par les riches propriétaires de la Bolivie :

" la révolution, leur dit-il, est contraire à l'esprit chrétien ! "

Cette invitation à la soumission fut très mal comprise de tous les travailleurs boliviens dont les conditions de travail étaient celles d'une exploitation honteuse de la main d'œuvre à vil prix !

C'est ce que nous allons chercher à comprendre !

 

LE PROBLEME DU CELIBAT ECCLESIASTIQUE.


Nombre de responsables ecclésiastiques souhaitent une modification de l'obligation du célibat qui est une loi propre à l'Eglise Romaine. Les apôtres étaient mariés.

L'Eglise Orthodoxe a respecté la tradition Apostolique dont Saint Paul a précisé les données dans sa lettre aux chrétiens de Rome.

C'est la pratique monastique du célibat qui progressivement s'est imposée sous l'action des papes issus de l'état monastique.

On a voulu faire de l'Eglise un grand monastère. Et on a rendu obligatoire ce qui n'était qu'un conseil laissé à la vocation de chacun. La vocation du célibat est grandiose dans son objectif.

Mais tout le monde n'a pas les possibilités d'y répondre toute sa vie. D'autant que les jeunes vocations sacerdotales ou même monastiques, suscitées par la générosité de la jeunesse, risquent souvent de se révéler difficilement supportables à l'âge de la maturité.

La vocation de l'Eglise Romaine n'est pas de faire des célibataires, mais d'annoncer la bonne nouvelle de l'Evangile. de plus en plus de paroisses sont abandonnées, sans offices religieux, faute de prêtres.

Les jeunes ne veulent plus s'engager dans une voie dont ils mesurent les difficultés d'un célibat définitif et dont ils ne sont pas sûrs de pouvoir honnêtement en assumer tous les devoirs.

Qui peut leur reprocher ?

Le célibat n'a jamais été imposé par le Christ à ses apôtres qu'il avait choisi mariés. Ceux-ci n'imposèrent à personne cette obligation lorsqu'ils choisirent leurs successeurs !

L'apôtre Paul, dans sa lettre à son disciple Timothée, rappelle ce que doit être le responsable d'une communauté : " L'évêque doit être le mari d'une seule femme, qu'il soit sobre, raisonnable, qu'il soit capable de bien diriger sa propre famille, qu'il mérite le respect. "

L'Evangéliste rapporte la guérison de la belle-mère de Saint Pierre par le Christ lui-même. La tradition nous apprend que Saint Pierre aurait eu deux filles. D'ailleurs le sacerdoce lévitique était héréditaire.

Saint Jean Baptiste, dont la mère était la cousine de la Vierge Marie, mère de Jésus, était lui-même fils de Zacharie ; prêtre du temple. Les prêtres étaient tous mariés selon l'usage. le Christ ne modifia en rien ce respect de la vie normale des individus.

Le texte de la genèse le dit : " Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul donnons-lui une compagne ".

Mais l'Eglise Romaine a souvent été traversée par des courants de pensées qui considéraient la nature humaine et plus particulièrement la sexualité comme pernicieuse.

Le Manichéisme, le Marcionisme, le Montanisme, et plus près de nous, le Jansénisme, toutes ces idéologies en ismes… perturbèrent gravement l'équilibre des relations humaines, déjà difficiles à vivre en elles-mêmes !

Tout était considéré comme une occasion de péché.

A en croire les bonnes âmes, Dieu aurait fait l'homme et la femme, non pour les rendre heureux de vivre ensemble, mais plutôt pour compliquer davantage leur existence et leur enlever, à jamais, l'envie de rester fidèles à leur premier amour.

La femme était presque considérée comme l'œuvre du démon et la cause principale de tous les péchés du monde. Avait-elle seulement une âme ? !

Quant au célibat, il concernait obligatoirement les moines et les Evêques.

Ils furent progressivement choisis parmi eux. Les monastères groupaient d'ailleurs un certain nombre de paroisses environnantes et imposaient leurs coutumes

Dès le quatrième siècle, une tendance générale se manifesta pour adopter les traditions monastiques.

Le synode diocésain d'Elvire et plus tard le concile de Nicée tentèrent d'imposer ce point de vue.

Les Evêques Pahnuce et Dionysius protestèrent vivement contre cette intrusion des moines dans la vie cléricale. Ils invoquèrent la pratique apostolique selon laquelle le célibat n'était pas lié au sacerdoce.

Synsius, évêque de Ptolémaïs, écrivit aux fidèles de son diocèse une lettre pastorale pour protester contre cette volonté des moines à imposer leurs lois au clergé diocésain.

" Je ne puis cacher ce que je veux que tout le monde sache bien, Dieu, par la main sacrée de Théophile, évêque d'Alexandrie, m'a donné une épouse. Or je déclare hautement que je n'entends ni me séparer d'elle ni avoir des relations clandestines avec elle, à la manière des adultères. La séparation serait impie, les rapports clandestins contraires à la règle du mariage. Je veux donc avoir d'elle de nombreux enfants " …

Un langage clair et honnête, tout à l'opposé d'une hypocrisie ecclésiastique de circonstance.

Saint Grégoire, évêque de Sasime, eut étant déjà promu à l'épiscopat, un fils qui devint plus tard Grégoire de Naziance. Saint Athanase y fit allusion dans une lettre relative aux évêques mariés et pères de famille.

A Clermont, en Auvergne, Appolinarius, évêque, fut le troisième successeur de son père Sidoine. A Limoges, Ruricius II, petit-fils de Ruricius, le remplaça comme évêque.

Les deux fils de Saint Eucher de Lyon, devinrent évêques ; l'un Sidonius à Genève l'autre Veranus à Vence.

L'Evêque Grégoire fut remplacé par ses deux fils, Aristaxés et Urathènes qui lui succédèrent l'un après l'autre.

Cette tradition Apostolique du choix des nouveaux disciples mariés, nous est aussi rapportée par les actes des Apôtres.

Lorsqu'il fut question de remplacer Judas dans le collège Apostolique, on ne posa qu'une seule condition : avoir été le témoin de la vie et de la prédication du Seigneur. Il ne fut nullement question de célibat !

D'ailleurs ce célibat ecclésiastique fut très difficilement observé. Quant on voyait à la cour pontificale, les fils bâtards des papes Borgia et bien d'autres, occuper les meilleurs places à la cour pontificale, il était assez difficile d'obtenir du clergé un célibat authentique !

Une statistique du XVème siècle, faite uniquement pour la Bourgogne, montrait que la moitié des enfants naturels étaient fils de prêtres.

Le pape Léon XIII avait raison de proclamer : " Aucune loi humaine ne pouvait enlever à personne le droit naturel et primitif du mariage… Aucune ne peut limiter, en quelque manière que ce soit, le but primaire de cette institution introduite par Dieu dans la création ".

L'obligation du célibat échappait certainement à cette loi ! Cependant le célibat n'est absolument pas exigé par la nature du sacerdoce, comme le montre la pratique de l'Eglise Apostolique et la tradition séculaire de l'Eglise des premiers siècles ainsi que la pratique toujours actuelle de l'Eglise Orthodoxe.

Au concile de Vatican II, la question fut posée par nombre d'évêques.

A Médélline, un grand nombre d'évêques étaient favorables à un débat sur l'abolition du célibat.

Mais là encore, la question fut soustraite de l'ordre du jour par autorité de la Nonciature.

Les évêques Hollandais s'étaient engagés au mois de novembre 1968 à plaider à Rome le sacerdoce conféré à des pères de famille. Mais ils durent y renoncer à cause de l'hostilité de la Curie Romaine.

En Zambie, au cours de l'assemblée plénière de juillet 1968, l'épiscopat reconnut la nécessité pour son pays de conférer le sacerdoce à des gens mariés.

En union Sud-Africaine, du 26 au 28 septembre 1968:

La session de Mariam Hill où étaient présent deux archevêques et un évêque ont voté en faveur de l'abolition de la loi du célibat.

Mgr Hurley a dit clairement pourquoi il était favorable à cette solution ;

Participant au concile de Vatican II, le Patriarche Maximos Saigh IV écrivait au sujet de l'ordination d'hommes mariés : " Nous croyons qu'un retour pur et simple à l'ancienne et authentique tradition de l'Eglise serait la bienvenue du chrétien averti et du clergé ouvert aux réalités de la vie. Ce serait la paix des âmes et la liberté de conscience ".

" Mon intention est uniquement d'exposer et d'expliquer l'usage oriental du clergé marié. En effet, le texte du schéma que l'on nous propose expédie en trois lignes cette vénérable institution qui remonte aux apôtres.

Il est présenté comme un usage juste et toléré ! Ce problème trouble la conscience de plus d'un évêque.

Nous recevons sans cesse des confidences de prêtres connus pour leur piété et leur zèle et qui nous prient d'élever la voix et de forcer le silence…

Trop de candidats sont écartés du sacerdoce à cause des difficultés grandissantes du célibat, une foule d'hommes mariés pourrait servir l'Eglise dans le sacerdoce ".

Cette intervention écrite du patriarche fut vivement remarquée. La présence à Rome des évêques catholiques des Eglises Orientales dont le clergé est marié, obligea le concile Vatican II à rendre hommage à ces prêtres et à reconnaître officiellement qu'au sein de l'Eglise Catholique Romaine, il y avait deux clergés : L'un célibataire et l'autre marié.

" Le concile avec toute son affection, exhorte les hommes mariés qui ont été ordonnés prêtres à préserver dans leur sainte vocation et dans le don total et généreux de leur vie au troupeau qui leur est confié ".

Tout ce que je demande à votre sainteté, poursuivait le Patriarche Maximos IV, en s'adressant à Paul VI, au sujet du célibat, c'est que la porte ne soit pas systématiquement fermée ! Mais le pape retira aux pères conciliaires le droit de délibérer sur ce problème. Le 24 juin 1967 il proclamait son encyclique " Sacerdotalis Coelibatus " qui maintenait le célibat romain pour raison de convenances !

Nous pensons que par la force des choses, la porte finira bien par s'ouvrir un jour…L'ordination diaconale conférée à des hommes mariés est déjà un pas de franchi dans cette direction !

La solution adoptée à l'Eglise Sainte Marie est celle de la tradition Apostolique, celle de l'Eglise Orthodoxe, celle de toutes les Eglises catholiques non romaines ou unies à Rome : tels que les Uniates, les Catholiques Orthodoxes, les Catholiques Melkites ainsi que celle de toutes les autres Eglises chrétiennes indépendantes de Rome dans le monde entier.

Tous nos fidèles approuvèrent ce retour à la tradition Apostolique, celle du respect de la vocation particulière de chacun pour le service de Dieu et de l'Eglise.

Un autre problème doit être abordé très franchement, c'est celui de l'accueil pastoral des divorcés remariés dans l'Eglise .

Voilà un problème pastoral qui touche des milliers de foyers chrétiens.

Il y a cinquante ans, le divorcé était proscrit ! Interdit d'inhumation religieuse, interdit de baptême pour ses enfants, interdit des sacrements. Finalement, il était rejeté de l'Eglise.

Nous avons connu cette époque.

Certes, il est très souhaitable que les couples ne divorcent pas ! Il en va de la notion même du bien de la famille et de celui des enfants qui sont souvent blessés par cette rupture.

Un divorce est toujours le constat d'un échec.

Mais comme un certain nombre de nos confrères, nous sommes affrontés aux problèmes de l'intégration des divorcés remariés dans l'Eglise. Bien des évêques et des prêtres regrettent de ne pouvoir faire davantage pour eux, compte tenu de l'intransigeance des lois ecclésiastiques romaines

Mais la miséricorde ne devrait-elle pas prévaloir sur la loi ?

C'est au nom de la Miséricorde du Seigneur que nous accueillons depuis 1964 les divorcés remariés à l'Eglise Sainte Marie

Pourquoi ?

Quels sont alors le rôle et la mission de l'Eglise pour cette pastorale d'accueil à l'égard des divorcés ?

Rappelons tout d'abord un fait.

Il y a plusieurs Eglises issues de l'Eglise fondée par les Apôtres.

L'Eglise d'Occident ou Romaine et l'Eglise d'Orient ou Orthodoxe sont toutes deux issues de l'unique Eglise Apostolique primitive, séparées au XI siècle pour des raisons politiques, culturelles et géographiques.

De par leurs cultures et leurs traditions, elles ont une conception différente de la pastorale sacramentaire.

L'une, l'Eglise Romaine, en Occident, a une conception juridique, fondée sur le droit Romain.

L'autre, l'Eglise Orthodoxe, en Orient, a une vision charismatique fondée sur la miséricorde Divine… et la sanctification par les sacrements, en particulier par le sacrement de l'Eucharistie.

L'une exige la dignité et la perfection morale pour recevoir le sacrement.

L'autre conçoit le sacrement comme un remède qui sanctifie le pécheur repentant.

Elles ont donc toutes deux des conceptions différentes de cette pastorale, c'est leur droit !

La nôtre, est celle de l'Eglise Apostolique d'Orient : celle de la miséricorde !

C'est la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus.

En effet, L'Eglise Romaine, qui est la branche occidentale de l'Eglise Catholique Apostolique, déclare que si les divorcés remariés sont toujours membres de l'Eglise par leur baptême, les sacrements de la confession et de l'Eucharistie leur sont formellement interdits.

Elle les prive ainsi du remède de la guérison.

L'Eglise Orthodoxe qui est la branche orientale de cette même Eglise Catholique Apostolique, déclare au contraire, qu'ils ont droit, comme tout pécheur, à la confession ainsi qu'à la communion. Elle les aide ainsi à vivre une vie sacramentelle. Ils accueille les divorcés remariés au nom de ce qu'ils appellent " l'économie "

Certes, l'Eglise Romaine a recours aux arguties du droit et peut conclure, selon les cas, après de longues plaidoiries à l'annulation d'un mariage.

II y a des exemples médiatiques connus où des annulations de mariages furent accordées à des classes sociales privilégiées. Elles firent grand tort à l'Eglise...

Faut-il citer des noms illustres ?

Même si elles furent obtenues pour des raisons diplomatiques ou politiques, elles furent injustes et contraires à la loi qui doit être la même pour tout le monde, riche ou pauvre !

Mais toute institution privilège sa classe dirigeante. L'Eglise ne fait pas exception à cette loi.

Elle relève son clergé, ses religieux de leurs engagements perpétuels, les autorise même à se marier.

Mais lorsqu'il s'agit de simples laïcs, elle se montre intraitable ! Pourquoi ?

Au nom d'un symbolisme mystique !

Celui de l'union du Christ et de l'Eglise que représente l'union des époux !

Raison plutôt faible en comparaison de la souffrance des laïcs, alors que la hiérarchie s'octroie toutes les dispenses !

L'Eglise Sainte Marie, comme l'Eglise Orthodoxe et d'autres Eglises dans le monde, exerce donc à l'égard des divorcés remariés la pastorale de la miséricorde.

Pourquoi ?

Parce qu'elle a reçu du Christ, comme toute Eglise, la mission d'exercer la miséricorde et non le jugement qui condamne... Nous avons, en effet, toujours tendance à juger, à condamner, à voir la paille dans l'œil de notre frère et d'oublier la poutre qui est parfois dans le nôtre...

Nous sommes souvent mal placés pour juger des situations dont toute la complexité nous échappe.

Et puis, quand la vie commune n'est plus possible, il vaut mieux se séparer que de vivre un enfer !

Il faut le redire, un divorce est toujours le constat d'un échec, c'est un grand mal pour les époux comme pour les enfants. Car c'est un amour détruit. C'est un mal.

Mais qui peut se permettre de juger les circonstances et les torts réciproques de chacun ?

"Que celui qui est sans péchés, lui jette la première pierre..." dira Jésus à ceux qui voulaient lapider la pécheresse qu'on jetait à ses pieds.

Comment ne pas suivre cette directive et révéler aux couples chrétiens, la miséricorde infinie du Christ ?

Nous avons mission d'exercer cette miséricorde pour les aider à surmonter leurs difficultés de vivre !

N'est-ce pas la mission de toute Eglise ?

Ceux qui ont eu la chance de vivre ensemble, sans être blessés par cette épreuve du divorce, sauront apprécier ce bonheur comme une grâce.

Mais animés d'une vraie charité, ils sauront aussi comprendre le réconfort de ceux qui, moins heureux qu'eux, ont trouvé dans cet accueil chrétien, le signe authentique d'une Eglise qui, si humble soit-elle, leur révèle l'espérance de vivre dans l' Amour et la Miséricorde infinis de Dieu.

Une Eglise qui est compatissante est à l'exemple du Seigneur, elle charge sur ses épaules ceux qui sont blessés par la vie et qui conscients de leurs misères attendent qu'une main secourable vienne les relever en leur disant qu'ils ne doutent jamais qu'ils sont toujours les plus aimés…

 

Quelles Eglises pour Aujourd'hui, pour Demain ?


Une Eglise Caritative c'est une église qui donne la priorité à la Charité et à la compassion.

Une Eglise Institutionnelle c'est une église qui donne priorité à la loi.

Des exemples ? l'histoire religieuse mondiale en est pleine.

Comment annoncer l'amour de Dieu et persécuter d'autres chrétiens ? Comment annoncer l'amour de Dieu est interdire la liberté de conscience ? Comment annoncer l'amour de Dieu et agir comme les puissants de ce monde ?

La liste n'est pas close, il suffirait de la poursuivre.

Une Eglise Caritative fait passer le message d'amour avant toute autre considération.

Elle privilège la compassion. Elle est humble car elle a conscience de ses propres faiblesses et s'efforce de comprendre celle des autres.

Elle ne les juge pas, elle ne les repousse pas, elle ne les excommunie pas, elle va au devant d'eux, elle cherche comment les ramener au Christ Miséricordieux.

Elle ne fait pas de ségrégation spirituelle, les bons d'un côté et les méchants de l'autre.

Il y a du bon dans les méchants et du mauvais dans les bons. L'Eglise qui est humaine dans ses membres participe pleinement à cette dualité, inhérente à sa nature.

Elle n'échappe pas à cette loi. Elle aussi participe au mal, aux persécutions, aux abus de droit ! Est-il si nécessaire de le rappeler ? Nous l'avons vu au cours de son histoire.

La prise de conscience de cette réalité devrait lui donner une approche plus humble et plus vraie des problèmes quotidiens de ses fidèles.

L'Eglise n'est pas au-dessus des lois.

Elle ne doit pas oublier que deux commandements sont essentiels et suffisants : l'amour de Dieu et l'amour du prochain.

Elle devrait faire sienne la définition de la charité définie par Saint Paul :

"La charité est bonne, elle est patiente, elle n'est pas envieuse, elle ne se vante pas, elle n'est pas orgueilleuse, elle n'a pas de rancune, elle n'est pas égoïste, elle se ne réjouit pas du mal, mais elle se réjouit de la vérité. la charité supporte tout, elle garde la foi, l'espérance et la patience, la charité est éternelle " I.Cor.XIII.4

Malheureusement, le monde religieux n'échappe pas au monde. Il est merveilleux et odieux, charitable et cruel, humble et suffisant, droit et fourbe, fort et faible, il est à l'image de l'homme.

Et il faut bien l'annonce de la bonne Nouvelle de l'Evangile pour le préserver de l'enfer.

Un enfer que le monde se forge lui-même chaque fois qu'il oublie d'où il vient et où il va. C'est sa destinée qu'il faut sans cesse lui rappeler, non par la force, mais par l'amour.

N'est-ce pas La mission de toute Eglise ?

Cette Eglise nous la trouvons dans toute communauté chrétienne qui rappelle que Dieu n'est ni romain, ni orthodoxe, ni protestant, ni luthérien, ni calviniste, ni bouddhiste, ni musulman. Mais que Dieu est amour et quiconque demeure dans cet amour demeure en Dieu.

Une telle église n'a pas de frontières.

Mais qui est assez libre et assez tolérant pour admettre cela ? " Intolérants, nous le sommes, nous prêtres, écrivait le Père jean Monnier, le 7 décembre 1979 qui ne savons pas nous accepter dans nos différences légitimes et dont l'amour fraternel s'est effrité à relever les comportements divergents des autres. "

Quand serons-nous vraiment fraternels selon le commandement du Seigneur ?

La seule réalité que nous sommes invités à vivre, c'est l'amour de Dieu et du prochain. Et encore cette réalité n'existe dans sa perfection que dans le cœur des saints.

Savoir nous accepter tels que nous sommes, c'est déjà savoir accepter les autres tels qu'ils sont.

C'est s'efforcer de faire toujours de son mieux pour s'améliorer, sans jamais se décourager. C'est nous souvenir : Que l'Eglise c'est nous et que l'Eglise de demain sera ce que nous sommes aujourd'hui.

Elle sera l'expression de l'intelligence de notre foi et de la pratique de notre charité.

C'est ce qui a permis à l'Eglise au cours des siècles positifs de son histoire de nous transmettre le message essentiel de l'amour infini, de Dieu fait homme en Jésus Christ, pour chacun de nous.

Père Roland FLEURY


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