LE PROBLEME
DU
CELIBAT
ECCLESIASTIQUE.
Nombre de responsables ecclésiastiques souhaitent une modification
de l’obligation du célibat qui est une loi propre à l’Eglise
Romaine. Les apôtres étaient mariés. L’Eglise Orthodoxe
a respecté la tradition Apostolique dont Saint Paul a précisé
les données dans sa lettre aux chrétiens de Rome.
C’est la pratique monastique du célibat qui progressivement s’est imposée
sous l’action des papes issus de l’état monastique.
On
a voulu faire de l’Eglise un grand monastère. Et on a rendu obligatoire
ce qui n’était qu’un conseil laissé à la vocation de
chacun. La vocation du célibat est grandiose dans son objectif. C'est
vouloir se consacrer totalement à Dieu. C'est une intention généreuse
et admirable qui doit être respectée. Elle est source de grâces
et de progrès spirituel.Mais est-elle possible pour tout le monde et
durant toute la vie ?
Il arrive que de jeunes vocations sacerdotales ou monastiques, engagées
dans le célibat par générosité, éprouvent
à l'âge de la maturité de réelles difficultés
à demeurer fidèles à cet engagement.
La vocation de l’Eglise n’est pas de faire des célibataires, mais d’annoncer
la bonne nouvelle de l’Evangile. De plus en plus de paroisses sont sans messes,
faute de prêtres. Aujourd'hui certains jeunes ne veulent plus s’engager
dans une voie dont ils mesurent les réelles difficultés : celles
d’un célibat définitif dont ils ne sont pas certains de pouvoir
toujours assumer loyalement toutes les obligations. Qui peut le leur reprocher
?
Le célibat n’a jamais été imposé par le Christ
à ses apôtres qu’il avait choisis mariés. Ceux-ci n’imposèrent
à personne cette obligation lorsqu’ils choisirent leurs successeurs
!
Saint Luc rapporte d’ailleurs la guérison de la belle-mère de
Saint Pierre, faite par le Christ lui-même. La tradition nous apprend
que cet apôtre avait deux filles.
D’ailleurs, le sacerdoce Lévitique était héréditaire.
Saint Jean Baptiste dont la mère était la cousine de la Vierge
Marie, mère de Jésus, était lui-même fils de Zacharie,
prêtre du temple. Les prêtres étaient tous mariés
selon l’usage. Le Christ ne modifia en rien ce respect de la vie normale des
personnes. Le texte de la genèse le dit : « Il n’est pas bon
pour l’homme d’être seul, donnons-lui une compagne ».
Mais l’Eglise a souvent été traversée par des courants
de pensées qui considéraient la nature humaine et plus particulièrement
la sexualité comme pernicieuse. Le Manichéisme, le Marcionisme,
le Montanisme, et plus près de nous, le Jansénisme, toutes ces
idéologies en ismes, perturbèrent gravement l’équilibre
des relations humaines, déjà difficiles à vivre par elles-mêmes
! Tout était presque considéré comme une occasion de
péché !
Le célibat concernait obligatoirement les moines. Les Evêques
furent progressivement choisis parmi eux.
Dès
le quatrième siècle, une tendance générale se
manifesta pour adopter à la vie ecclésiale les coutumes monastiques.
Le synode diocésain d’Elvire et plus tard le concile de Nicée
tentèrent d’imposer ce point de vue.
Les Evêques Pahpnuce et Dionysius protestèrent vivement contre
cette intrusion des moines dans la vie cléricale. Ils invoquèrent
la pratique apostolique selon laquelle le célibat n’était pas
lié au sacerdoce.
Synsius, évêque de Ptolémaïs, écrivit aux
fidèles de son diocèse une lettre pastorale pour protester contre
cette volonté des moines à imposer leurs lois au clergé
diocésain.
« Je ne puis cacher ce que je veux que tout le monde sache bien, Dieu,
par la main sacrée de Théophile, évêque d’Alexandrie,
m’a donné une épouse. Or je déclare hautement que je
n’entends ni me séparer d’elle ni avoir des relations clandestines
avec elle, à la manière des adultères.La séparation
serait impie, les rapports clandestins contraires à la règle
du mariage. Je veux donc avoir d’elle de nombreux enfants »…
Un
langage clair et honnête, tout à l’opposé d’une hypocrisie
ecclésiastique de circonstance.
Saint
Grégoire, évêque de Sasime, eut, étant déjà
promu à l’épiscopat, un fils qui devint plus tard Grégoire
de Naziance. Saint Athanase y fit allusion dans une lettre relative aux évêques
mariés et pères de famille.
A
Clermont, en Auvergne, Appolinarius, évêque, fut le troisième
successeur de son père Sidoine.
A
Limoges, Ruricius II, petit-fils de Ruricius, le remplaça comme évêque.
Les deux fils de Saint Eucher de Lyon, devinrent évêques :
L’un
Sidonius à Genève l’autre Veranus à Vence. L’Evêque
Grégoire fut remplacé par ses deux fils, Aristaxés et
Urathènes qui lui succédèrent l’un après l’autre.
Cette tradition Apostolique du choix des nouveaux disciples mariés,
nous est aussi rapportée par les actes des Apôtres. Lorsqu’il
fut question de remplacer Judas dans le collège Apostolique, on ne
posa qu’une seule condition : avoir été le témoin de
la vie et de la prédication du Seigneur. Il ne fut nullement question
de célibat !
D’ailleurs,
ce célibat ecclésiastique fut très difficilement observé
au cours des siècles. Quand on voyait les fils bâtards des papes
Borgia et bien d’autres, occuper les meilleures places à la cour pontificale,
il était assez difficile d’obtenir du clergé un célibat
authentique !
Une
statistique du XVème siècle, faite uniquement pour la Bourgogne,
montrait que la moitié des enfants naturels étaient fils de
prêtres !
Le
pape Léon XIII avait raison de proclamer :
«
Aucune loi humaine ne pouvait enlever à personne le droit naturel et
primitif du mariage. Aucune ne peut limiter, en quelque manière que
ce soit, le but primaire de cette institution introduite par Dieu dans la
création ».
L’obligation
du célibat n’est absolument pas exigée par la nature du sacerdoce,
comme le montre la pratique de l’Eglise Apostolique et la tradition séculaire
de l’Eglise des premiers siècles ainsi que la pratique toujours actuelle
de l’Eglise Orthodoxe et de bien d'autres églises.
Au
concile de Vatican II, la question fut posée par nombre d’évêques.
A
Médéline, un grand nombre d’évêques étaient
favorables à un débat sur l’abolition du célibat.
Mais
là encore, la question fut soustraite de l’ordre du jour par autorité
de la Nonciature.
Les
évêques Hollandais s’étaient engagés au moi de
novembre 1968 à plaider à Rome le sacerdoce conféré
à des pères de famille. Mais ils durent y renoncer à
cause de l’hostilité de la curie Romaine.
En
Zambie, au cours de l’assemblée plénière de juillet 1968,
l’épiscopat reconnut la nécessité pour son pays de conférer
le sacerdoce à des gens mariés. En union Sud-Africaine, du 26
au 28 septembre 1968:
La
session de Mariam Hill où étaient présents deux archevêques
et un évêque a voté en faveur de l’abolition de la loi
du célibat.
Mgr
Hurley a dit clairement pourquoi il était favorable à cette
solution :
1°
Des jeunes choisissent librement cet état par générosité,
mais ils le supportent mal lorsqu’ils arrivent à l’âge mûr.
Ils
deviennent renfermés et n’arrivent pas à se donner aussi pleinement
à leur ministère que s’ils avaient leur propre famille.
2° Les
besoins de l'Eglise le requièrent en raison de la pénurie de
prêtres en Amérique Latine, en Afrique et en Asie où il
faut un clergé marié. La question resurgit à Metz, au
colloque sur la formation des prêtres.
Les sondages ont révélé que la majorité des prêtres
souhaitaient l’abolition du célibat, et cela approuvé par les
fidèles. La proportion atteint 90% au Brésil en 1969.
Participant au concile de Vatican II, le Patriarche Maximos Saigh IV écrivait
au sujet de l’ordination d’hommes mariés : « Nous croyons qu’un
retour pur et simple à l’ancienne et authentique tradition de l’Eglise
serait la bienvenue du chrétien averti et du clergé ouvert aux
réalités de la vie. Ce serait la paix des âmes et la liberté
de conscience.
Mon intention est uniquement d’exposer et d’expliquer l’usage oriental du
clergé marié. En effet, le texte du schéma que l’on nous
propose expédie en trois lignes cette vénérable institution
qui remonte aux apôtres, comme un usage juste et toléré
!
Ce
problème trouble la conscience de plus d’un évêque. Nous
recevons sans cesse des confidences de prêtres connus pour leur piété
et leur zèle et qui nous prient d’élever la voix et de forcer
le silence…
Trop de candidats sont écartés du sacerdoce
à cause des difficultés grandissantes du célibat, une
foule d’hommes mariés pourrait servir l’Eglise dans le sacerdoce.
Tout ce que je demande à votre sainteté, poursuivait le Patriarche
Maximos IV, en s’adressant à Paul VI, c'est que la porte ne soit
pas systématiquement fermée".
Cette intervention écrite du patriarche fut vivement remarquée.
La présence à Rome des évêques catholiques des
Eglises Orientales dont le clergé est marié, obligea le concile
Vatican II à rendre hommage à ces prêtres et à
reconnaître officiellement qu’au sein de l’Eglise Catholique Romaine,
il y avait bien deux clergés : L’un célibataire et l’autre marié.
C'est
ainsi que parut cette déclaration officielle:
«
Le Concile avec toute son affection, exhorte les hommes mariés qui
ont été ordonnés prêtres à préserver
leur sainte vocation par le don total et généreux de leur vie
au service du troupeau qui leur est confié ».
Mais,
par la suite, le Pape Paul VI en réponse à la demande du patriarche
et de nombreux évêques, retira tout simplement aux pères
conciliaires le droit de délibérer sur ce problème particulier
et délicat du célibat.
Cette
procédure fut mal et tristement acceptée par de nombreux évêques.
La porte demeurait ainsi fermée.
Bien
plus, Le 24 juin 1967 le Pape proclamait son encyclique « Sacerdotalis
Coelibatus » qui maintenait, pour l'Eglise Romaine, le célibat
pour raison de convenances !
Malheureusement, iI s'en suivit une hémorragie cléricale importante.
Les départs furent très nombreux. La relève du clergé
âgé devint préoccupante et les regroupements de paroisses
nécessaires.
Nous pensons que par la force des choses, la porte finira bien par s’ouvrir
un jour…L’ordination diaconale conférée à des hommes
mariés est déjà un pas de franchi dans cette bonne direction
!
La pratique adoptée à l’Eglise Sainte Marie, depuis 1964 est
celle de la tradition Apostolique, celle de l’Eglise Orthodoxe, celles des
Eglises Orthodoxes unies à Rome, appelées Eglises Uniates, telles
que les églises Maronites, les Eglises Catholiques Melkites et bien
d'autres : toutes les autres Eglises chrétiennes qui dans le monde
sont indépendantes de Rome.
On le sait, l'engagement au sacerdoce n'est absolument pas lié à
l'obligation du célibat. Chacun doit pouvoir choisir librement son
état, selon sa vocation personnelle, selon son tempérament,
selon ses possibilités.
Tous nos fidèles approuvèrent ce respect de la vocation particulière
de chacun pour le service de Dieu et de l’Eglise.
Ce retour à la pratique apostolique, dans l'Eglise, d'ordonner prêtres
des pères de famille, serait certainement de nature à susciter
davantage de vocations sacerdotales et à restreindre les scandales
et les terribles souffrances qui défrayent périodiquement les
chroniques des journaux sur ce sujet.
Quand cette Eglise Catholique Romaine, à laquelle nous sommes profondément
attachés, reviendra-t-elle à la pratique des temps apostoliques
pour permettre l'annonce de l'Evangile et à nouveau la célébration
de la vie Eucharistique auprès du plus grand nombre ?
N'est-ce
pas la première mission reçue du Christ lui-même ?
Cette option a été la nôtre, dès la fondation de
l'Eglise Sainte Marie en 1964 et elle a été comprise et approuvée
par tous nos fidèles, comme elle l'est pour tous ceux des Eglises Catholiques
Orthodoxes, pour les Eglises Orthodoxes d'Orient et pour toutes les autres
églises chrétiennes dans le monde. Prions pour l'Eglise !
Père Maurice Cantor
Eglise Sainte Marie. B.P.5. 76131 Mont Saint Aignan
cedex
Tel: 02 35 59 82 59
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