Janvier 2001       

QUE CELUI QUI EST SANS PECHES…
 

Jette la première pierre…a dit Jésus !

Or que de pierres sont jetées sur les uns et les autres  par des aveugles !Des aveugles qui ne se reconnaissent pas eux-mêmes, qui se croient parfaits et dont Jésus parle dans la parabole du publicain et du pharisien.

L'un qui est debout et qui se glorifie de n'être pas comme le reste des hommes, impies et profanateurs de la Loi. Il se déclare lui-même un exemple de perfection…

L'autre qui est à genoux et  qui se frappe la poitrine en se déclarant pécheur, implorant la miséricorde du Seigneur.

Comme cette parabole est vraie !

Combien de gens se croient impeccables, combien s'estiment meilleurs que les autres et qui cependant commettent  les mêmes fautes. Ils sont tellement imbus d'eux-mêmes qu'ils sont aveugles de leur propre condition.

Or, tous sont soumis aux mêmes passions, aux mêmes pulsions, aux mêmes erreurs, selon que la nature héréditaire les a, au hasard des circonstances, doté d'un passé génétique chargé ou équilibré.

Personne n'est responsable de ce bagage de gènes reçu à la naissance. Personne n'est responsable de son être.

Tout le monde doit s'en accommoder et le parfaire  selon ses possibilités et ses ressources personnelles.

Et là encore, interviennent nombre de facteurs, tels que l'éducation, le milieu social et culturel, la religion ou pas de religion, la santé ou la maladie, la richesse ou la pauvreté.

Qui peut s'enorgueillir de son état ? Les inconscients, les suffisants, les insensés ?

Ceux-là sont les premiers à lancer des pierres sur tout ce qui bouge !

Le pire, car il y a toujours un sommet à la bêtise humaine, c'est de vouloir se déclarer chrétien  ou même disciple du Christ. Nous en connaissons tous et non des moindres, qui participent, de bonne foi,  à cette lapidation fratricide. Ils ont toujours de bonnes raisons pour  justifier leur attitude.

La révélation publique ou confidentielle des erreurs et  des faiblesses de tel ou tel,  motive leur condamnation. Ils ont d'ailleurs le sentiment de se justifier eux-mêmes,  en dénonçant le mal des autres. Je ne suis pas comme lui…Qu'en savons-nous réellement ?

C'est cette hypocrisie que nous avons du mal à supporter. C'est le mal le plus profond qui nous empêche de connaître Dieu qui est vérité ! Cette vérité qui nous délivre de l'illusion et du mal.

Faire la vérité, c'est reconnaître sa pauvreté native, c'est se dépouiller de toute mascarade, de toute tromperie. C'est voir les autres, comme nous nous voyons nous-mêmes, avec la même compassion, la même indulgence !

Si nous y parvenons, c'est que des écailles nous sont tombées des yeux, comme cela est arrivé pour saint Paul sur le chemin de Damas, aveuglé par sa suffisance et son bon droit.

Avant de jeter des pierres, demandons-nous d'abord,  si nous ne méritons pas d'en recevoir quelques-unes  !

Le fait de nous poser la question, sera déjà la preuve que nous sommes sur la voie de la conversion…Et tout doucement la vraie charité du Christ aura gagné une partie de notre cœur.

Avec le temps, le reste suivra !

                                                                                            Mgr Maurice Cantor.

 

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