Mars 2000
UN PROBLEME DIFFICILE…

 

L'unité des églises est souhaitable mais combien difficile, tant l'humanité est complexe et diverse. Dans le domaine religieux, les tensions n'ont jamais manqué. Les rivalités entre églises ont été de tous les temps et le seront toujours. Chacun le sait et a pu constater combien l'Eglise romaine est une monarchie absolue. C'est l'autorité du Pape qui prédomine dans toutes les décisions concernant l'Eglise romaine. On l'a bien constaté lors du dernier concile de Vatican II. Cette réalité et bien d'autres, empêcheront, pour très longtemps encore, l'unité de l'Eglise orthodoxe avec l'Eglise romaine. Ceci, malgré les appels du pape " à chercher ensemble les formes selon lesquelles ce ministère pourra réaliser un service d'amour reconnu par les uns et par les autres. "

Ce sont deux structures institutionnelles d'églises complètement différentes et opposées.

Certes, l'œcuménisme actuel est un progrès sur le passé, où les deux églises se firent autrefois une guerre atroce, s'excommunièrent mutuellement, toujours au nom de Dieu. Leur attitude actuelle consiste plus à réduire les tensions entre les deux parties, qu'à trouver une solution d'unité très problématique.

Au cours des siècles, Les théologies des deux églises se heurtèrent férocement au nom de leur idéologie. Chacune des deux églises, latine et orthodoxe, prétendait détenir seule l'unique vérité.

Le pouvoir absolu du pape et la procession du saint Esprit furent, entre autres, parmi les causes et les thèmes de ces grands affrontements qui déchirèrent le monde chrétien et fit couler beaucoup d'encre et de sang.

Une des questions majeures était de savoir si la troisième personne de la sainte trinité procédait du père uniquement ou bien du Père et du fils ? Chaque Eglise fit de ce problème théologique le base de leur divergence essentielle. On se battit à mort, le mot n'est pas trop fort, pour la procession du Saint Esprit ! On négligea gravement le commandement du Seigneur de s'aimer les uns les autres comme il les avait aimés. L'important c'était d'avoir raison ! Ce qui était lamentable, c'étaient ces guerres fratricides entre chrétiens.

Cette bataille qui existe encore aujourd'hui, heureusement moins violente, n'en n'est pas moins absolue. Pour la majorité de bien des gens et pour nous, elle ne présente que peu d'intérêt. Elle est anachronique et quelque peu chimérique.

Qui sait très exactement quelle est la vie intime de la sainte trinité ? Dieu est père, il engendre son fils et leur amour mutuel est le Saint Esprit.

Un moine qui avait atteint un certain degré de sagesse disait : " Je crois en la sainte Trinité qui vit sa vie selon son mode qui lui est propre : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Cela me réjouit profondément, mais l'essentiel pour moi, c'est de vivre cet amour divin avec les autres et de me convertir en me laissant saisir par la vie même de Dieu qui est amour "

Nous partageons cet avis.

L'important est dans l'annonce et la pratique d'un évangile d'amour de Dieu et du prochain, toute Eglise confondue.

Cet évangile est universel, il s'adresse à toutes les églises chrétiennes quelles qu'elles soient !

Elles devraient cesser ce jeu des guerres de communiqués pour savoir qui détient cette vérité. Il n'y a qu'une seule vérité : aimer Dieu et son prochain.

Mais cela est trop simple. Cela ne donne pas la possibilité de s'évader dans le monde intellectuel, de bâtir des hypothèses gratuites et de croiser le fer avec d'autres idéologies mortifères ; Chaque église s'accrochant à ses dogmes comme à la source même de leur vie, voire avec un certain fanatisme.

Ce qui est affligeant, c'est de constater le mur des législations ecclésiales qui freinent et empêchent le courant évangélique de passer et de remplir sa véritable mission salvatrice.

Que l'on songe à la manière toute simple, toute spontanée avec laquelle n'importe qui pouvait s'approcher de jésus, pour le voir, pour le toucher , pour lui parler, pour être guéri, pour recevoir de lui, la grâce de son amour..

Aujourd'hui, l'appareil institutionnel de l'Eglise fait malheureusement barrage à cet accueil spontané de l'Esprit Saint.

On impose des conditions, des délais, même des refus, comme si Jésus n'était venu que pour les justes.

L'Eglise est devenu un imposant appareil institutionnel qui obstrue trop souvent le véritable courant évangélique, tel que les apôtres l'ont vécu. Quand arriverons-nous à nous libérer de cet esprit administratif ecclésial ?

Quand serons-nous vraiment fraternels et capables de prendre la mesure de notre ignorance au lieu de prétendre tout savoir sur la vie de Dieu et d'oublier ses commandements.

Quand serons capables d'ouvrir largement notre cœur et notre esprit à ceux qui ne pensent pas exactement comme nous ?

Ceux-ci attendent de nous une ouverture, un accueil de leur pauvreté, comme Dieu accueille notre indigence absolue.

Nous sommes encore au début du christianisme, car nous sommes restés très en retard sur la prise de conscience de la puissance de l'amour divin qui seul peut nous convertir et nous ouvrir aux autres.

Le Pape de Rome et les Patriarcats orthodoxes peuvent faire des encycliques et des déclarations officielles sur la miséricorde, s'ils ne la pratiquent pas, leurs églises ne sont pas crédibles.

De plus, ces églises sont trop souvent sectaires. Elles ont du mal à admettre, comme le frère de l'enfant prodigue, que Dieu puisse tout pardonner à celui qui se repent de ses fautes.

Elles oublient trop souvent ce que jésus a dit : " Le fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ! ". " Là où le péché a abondé , la grâce a surabondé ".

Les églises trouvent parfois cette miséricorde absolue profondément injuste ! Elles refusent, non pas en théorie, mais en pratique, d'admettre le pardon absolu de Dieu pour les autres, alors qu'elles l'estiment mérité et justifié pour elles !

Pauvre nature humaine, encore toute remplie de cette suffisance naturelle et de cet égoïsme instinctif. Elle a bien du mal à se convertir à cette puissance qui est en elle et qui est source de tant de joie : Celle d'aimer vraiment en donnant aux autres le don que Dieu nous a fait de lui-même.

Quand nos églises seront-elles des lieux où l'on puisse trouver une main tendue et un cœur ouvert pour nous accueillir et non pour nous blesser par des décrets et des interdits qui nous rejettent et nous éloignent de celui qui était venu pour chacun de nous et pour nous donner le bonheur d'être aimés ?

Quelle souffrance de voir la source même de l'amour infini freinée et étranglée par une institution humaine qui avait vocation spéciale de la transmettre !

Quant arriverons-nous à nous libérer nous-mêmes de ces entraves et à aller directement, sans craintes, à la source même de la Vie ?

Personne, ni aucun pouvoir, ne peut nous empêcher de prier et d'aimer, dans le secret de notre pauvre cœur, celui qui nous a toujours invité à le faire ?

" Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes las de la vie, je vous soulagerai, vous trouvez le repos de vos âmes " .

L'Evangile est libérateur…souhaitons nous en souvenir !

Nous sommes aussi l'Eglise ! Restons unis au Christ Jésus au delà et à travers l'institution ! La seule qui soit justiciable à nos yeux , est celle qui professe l'amour infini et miséricordieux ! C'est la seule qui soit capable de gagner les cœurs et de sauver les âmes ! C'est bien là, sa seule et unique mission !

Mais le retour à l'Evangile de Jésus Christ, comme centre et fondement de l'Eglise, doit entraîner, à chaque époque, de multiples conséquences pratiques et une remise en question de son mode de gouvernement.

Ce n'est pas encore pour aujourd'hui, mais peut-être pour demain ! Prions pour qu'en attendant Vatican III, ceux qui espèrent de l'Eglise une véritable annonce de l'Evangile, n'en souffrent pas trop et soient encore là pour la recevoir ! Nous le souhaitons de tout cœur !

Grégoire

 

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