Décembre 2000
NOEL C'EST  L'ESPERANCE
POUR TOUS...

L'espérance chrétienne, c'est la certitude que Dieu nous aime au-delà de tout ce que nous pouvons espérer. "Le verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous. " Il est venu parmi les siens pour nous révéler son amour.

Pourquoi ? Pour une raison très simple qui repose sur la nature même de Dieu. Dieu est Amour. Il ne peut être autrement que l'amour infini, sans mesure, sans limites, un amour inconditionnel !

Le fait que Dieu nous appelle à exister, c'est qu'il veut notre bonheur et qu'il se considère responsable de notre existence.

Si Jésus dit que nous, qui sommes mauvais, savons donner du pain à nos enfants, et non une pierre, Il ne peut faire le contraire de ce qu'il nous demande. Il fera tout pour venir en aide à l'être qu'il a appelé à la vie. C'est son devoir de Père, selon le nom qu'il nous a demandé de l'appeler : " Lorsque vous prierez, dites " Notre Père"….

Or, Jésus est venu pour nous révéler le Père dont l'amour va tout spontanément vers les pauvres. Il ne s'agit pas de la pauvreté matérielle, mais de la pauvreté morale de ceux qui oublient ce pour quoi ils ont été créés et qui? poussés par leurs aveuglements et leurs passions, s'égarent dans leur poursuite d'un bonheur fragile.

Mais Dieu est juste. Sur la croix, devant les injures et la haine de ceux qui l'insultaient et qui l'avaient condamné à mort, Jésus prie son Père de leur pardonner…"Parce qu'ils ne savent pas ce qu 'ils font !".

A Pierre, Jésus avait déjà répondu que ce n'est pas sept fois, mais soixante dix fois sept fois, qu'il faut pardonner ! Dieu fait ce qu'il dit.

D'autre part, qui a la connaissance du péché ?

Si le pécheur pouvait voir Dieu, pourrait-il choisir le mal ?

Pourrait-il librement choisir de retourner au néant, plutôt que d' avoir le bonheur de vivre dans la plénitude de la vie Divine ? Nous ne savons pas ce que nous faisons, lorsque nous choisissons le mal plutôt que le bien. Nous nous trompons en le faisant. Saint Paul écrira: " Malheureux que je suis, je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas ".

L'être humain est fait et créé pour le bonheur.

Le jour où il aura la possibilité de voir Dieu, de saisir tout l'amour dont il a été l'objet, il sera tout naturellement heureux de répondre à cet amour. Son salut, sa chance, ce sera de voir ce qu'il n'a jamais vu et qu'il ne pouvait pas voir. Ce sera alors d'éprouver la plus terrible des souffrances, celle de ne pas avoir sû aimer Dieu et son prochain, comme il aurait dû le faire, ce sera de voir toute l'ampleur de ses reniements, de ses trahisons, de ses lâchetés, de ses erreurs…

Ce sera de découvrir le bilan de tant d'amour perdu et refusé, ce sera pour lui une cause terrible de regrets et de désespoirs, un feu qui pourrait le détruire, si Dieu ne le maintenait en vie.

Ce déchirement profond de sa conscience et de son cœur, sera alors pour lui l'aurore d'une renaissance et la grâce de son salut. Il ne savait pas…maintenant il sait parce qu'il voit ! Et que voit-il ?

Il voit le Père de l'enfant prodigue venir à lui, plein de joie, à la rencontre de ce fils perdu. Un père plein de tendresse, qui le relève, qui le presse sur son cœur, qui l'entoure de ses bras, de ses mains percées par les clous de la croix sur laquelle il a souffert jusqu'à en mourir pour lui. Il lui dira en l'embrassant tendrement: "Mon pauvre et cher enfant, je t'avais perdu et je t'ai retrouvé." Il y a tant de joie à donner ! Peut-on imaginer le bonheur de Dieu de pouvoir tout donner !

C'est Jésus lui-même qui a dit : " Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir ". Notre cœur est vraiment trop petit pour le comprendre et nous avons le malheur de projeter sur Dieu la pauvreté de nos calculs mesquins.

Non, tant d'amour Divin ne sera jamais perdu ! Jamais l'aveuglement et la faiblesse humaine ne pourront avoir raison de l'amour infini de Dieu en Jésus Christ ! Ceci est l'objet de notre foi, parce qu'elle proclame la puissance de l'amour de Dieu pour chacun de nous.

Affirmer le contraire, ce serait admettre que sa rédemption n'est pas universelle, que son sacrifice a été vain et que son amour n'est pas tout-puissant.

Ce serait porter atteinte à la gloire et à l'existence même de ce qu'est Dieu.

Si Jésus a dit:" celui à qui l'on pardonne peu, aime peu ", s'il a manifesté tant de compassion et de miséricorde pour toutes les faiblesses humaines, lorsqu'il parcourait la terre d'Israël, c'est qu'il connaissait bien la pauvreté et les conditions innées de notre finitude.

St Paul écrira dans sa lettre aux Romains : " Il a laissé le monde dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous ". Oui, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son fils, afin que le monde soit sauvé par lui.

La plus grande faute, c'est le désespoir, car c'est refuser de croire que l'amour du Père bien-aimé est plus fort que toutes les misères de ses enfants. A certains moment de découragements et de souffrances, ils peuvent, certes, être tentés de ne plus croire en son amour ! Mais cela aussi, Dieu le comprend et le leur pardonne, parce qu'ils ne l'ont jamais vu, parce qu'ils ne l'ont pas réellement connu. Ils ne connaissaient pas la puissance de son amour. Ils ne savaient pas !

A des pharisiens, Jésus dira : " Vous êtes dans l'erreur, car vous ne connaissez pas la puissance de Dieu ! " Oui, Dieu est tout-puissant, mais cette puissance est celle de son amour et rien ne peut lui échapper !

C'est lui qui a le premier et le dernier mot de sa création.

C'est ainsi que son amour tout-puissant et sans mesure, se manifeste le plus humblement du monde, le jour de Noël, sous les traits d'un petit enfant, né de la vierge Marie, dans la pauvreté d'une étable. Il est venu spécialement pour gagner notre cœur et nous révéler son amour. " Réjouissez-vous un sauveur vous est né ", proclameront les messagers divins ! Noël, c'est vraiment l'espérance pour tous !

Mgr Maurice Cantor

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