AVRIL 2002
Saint Paul dans sa lettre aux chrétiens de Rome nous rappelle
les raisons de notre espérance chrétienne. Le constat de la pauvreté de notre
condition humaine nous a mérité la miséricorde infinie du Père.
Cette miséricorde prend sa source dans son amour sans mesure
et sans limites pour chacun de ceux
qu’il a appelé à la vie.
Ce don est parfait, irrémédiable, permanent, absolu.
Le malheur, c’est que nous avons du mal à imaginer
toute la réalité et la dimension de cet amour.
Nous restons bien souvent prisonniers de nos catégories
mentales, autre signe de nos limites et autres raisons de la miséricorde de
Dieu.
La prière de Jésus à son père pour ses
bourreaux : « Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils
font »
Est exemplaire de ce
comportement divin.
L’attitude du
frère du prodigue dont parle Jésus est, elle aussi, significative de notre
attitude, face à la générosité démesurée du père envers les autres.
Nous voulons bien bénéficier de la
miséricorde, mais acceptons-nous toujours que les autres en bénéficient
aussi ? Pour nous, c’est justice, mais pour les autres,
n’estimons-nous pas que c’est abusif ?
C’est
une réaction primaire. C’était celle des contemporains de Jésus qui lui
reprochaient sa mansuétude à l’égard de Zachée, pécheur notoire et peu
estimé du public ainsi que sa
fréquentation de tous les autres exclus. On disait de lui : « il est
l’ami des pécheurs ! »
L’étiquette
de pécheur reste souvent collée au front de ceux qui se convertissent !
On trouve parfois déplacée le retour de la brebis égarée parmi les
justes. Elle a fautée ! disait-on autrefois ! Et elle était marquée à
vie !
Tout est-il
changé aujourd’hui ? Le clan des justes ne s’élargit pas
souvent au delà d’une certaine frontière, celle de la réputation !
On ne fréquente pas n’importe qui !
Or Jésus
était l’ami des pécheurs et il n’a cessé de réintégrer, au sein de
la communauté des croyants, tous ceux qui en étaient exclus pour quelque raison
que ce soit !
Marie-Madeleine,
Paul, le persécuteur des premiers chrétiens et tant d’autres !
A
tous Il a fait miséricorde !
Quand retrouvera-t-on ces gestes d’accueils évangéliques qui nous ramèneraient sur les
traces de Jésus ?
Quand le
berger ira-t-il chercher, jusqu’à ce qu’il la trouve, la brebis
perdue, au lieu d’attendre son éventuel
retour ? Où est la source évangélique qui devrait faire revivre ces gestes sauveurs ?
Ils
existent parfois, mais ils restent conventionnels,
polis, distants. Ils leurs manquent trop souvent la vie, la spontanéité, la
chaleur et l’amour… Tout ce qui peut toucher les cœurs et témoigner qu’à travers l’Eglise,
Jésus Christ a vraiment pris corps dans la chair et le sang des hommes…
Puissent
seulement le poids des institutions et le retour à un certain fondamentalisme
ne pas repousser cette sainte
espérance !
Père
Maurice Cantor.