NOVEMBRE 2003

 

DEJA, EN CE TEMPS-LA…

Un croyant qui ne faisait pas partie du groupe patenté des Apôtres, chassait, lui aussi, les esprits mauvais au nom de Jésus.Il s’était aussitôt attiré leur pieuse jalousie : « pourquoi lui et de quel droit, il n’est pas des nôtres ! » Et ils le dénoncèrent, selon une habitude assez cléricale qu’on appelle la délation ! « Maître, nous avons vu un homme qui chassait les esprits mauvais en ton nom, et nous avons voulu l’empêcher, parce qu’il n’est pas avec nous ! »


« Ne l’empêchez pas, leur répondit Jésus, car personne ne peut accomplir un miracle en mon nom et tout de suite après, dire du mal de moi. Car celui qui n’est pas contre moi est pour nous ! Et celui qui vous donnera à boire un verre d’eau, parce que vous appartenez au Christ, je vous le déclare, c’est la vérité, il recevra sa récompense ». (Marc 9.38-41)
Si l’Eglise avait suivi cet enseignement, que de conflits religieux auraient été évités !


Qu’est-ce qui compte en effet ? C’est que le message de la bonne nouvelle puisse passer auprès du plus grand nombre.
C’est que l’on puisse parler du Sauveur et Rédempteur de tous sans exception. Peu importe la couleur de la peau des missionnaires, peu importe s’ils portent la calotte ou la toque, la dalmatique ou le razo, peu importe qu’ils soient romains ou orthodoxes, vieux catholiques ou anglicans, peu importe s’ils n’ont pas le label de l’institution dominante ! Ce qui compte, c’est que la bonne nouvelle soit annoncée à tous ! Et chacun la reçoit à sa mesure et la vit de son mieux, au sein de sa culture, de sa sensibilité, de son pays. Mais hélas, cette manière de voir est trop belle pour être vraie !


« Intolérants, nous prêtres, écrivait le Père Jean Monnier, le 7 décembre 1979 dans la vie Diocésaine de Rouen, qui ne savons pas nous accepter dans nos différences légitimes et dont l’amour fraternel s’est effrité à relever les comportements divergents des autres. L’agacement est devenu intolérance et nous croyons être toujours dans la pure ligne de l’orthodoxie, confondant les idées et les personnes. Qui nous rendra cette âme fraternelle qui sait dire clairement son fait à son frère, sans devenir des pourfendeurs des erreurs et des inquisiteurs pointilleux. Notre âme est malade de la critique et Dieu nous dit : « il suffit d’aimer.. » .


Qui sommes-nous pour juger de l’action pastorale des autres communautés, selon des critères parfois arbitraires, des réactions épidermiques, des jalousies cléricales obsolètes ?
Le véritable œcuménisme, c’est l’accueil fraternel de tous ceux qui croient au Christ Jésus, fils de Dieu fait homme, qui s’efforcent de répandre son enseignement et de le vivre de leur mieux.
Abandonnons, une bonne fois pour toutes, ce juridisme borné qui, en son temps, a condamné Jésus à mourir sur une croix et qui a fait, à cause de l’aveuglement et du sectarisme de l’institution ecclésiastique, tant de victimes innocentes, au cours de son histoire !


Dieu nous a appelés à la liberté et non à la servitude…
« Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille ! » avait répondu l’Apôtre Pierre à son geôlier qui lui demandait : « que dois-je faire pour être sauvé ? » . De nos jours, est-ce bien sûr qu’on lui donnerait la même réponse ? Ne lui faudrait-il pas obligatoirement adhérer à des dogmes institutionnels qui n’ont rien à voir avec l’essence même de l’Evangile ?


Père Maurice Cantor.

                                             

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