FEVRIER 2002

LE RESPECT DU PERE…

 Dans la parabole de l’enfant prodigue, le fils  réclama au père, sa part d’héritage et s’en alla la gaspiller au loin dans le libertinage.
  Le père aimait son fils. Il l’avait supplié de ne pas partir,  essayant de lui faire comprendre  son erreur. Mais Ce fut en vain !

 Alors, il le laissa partir, après lui avoir dit que s’il  revenait un jour, il serait toujours bien accueilli  et attendu. Peut-être que  cette dernière parole resta comme un écho gravé au cœur de sa  mémoire. Le désir de l’aventure, celui  d’être enfin maître de son destin, l’emportèrent sur la raison.

Quand on est jeune, peut-on tout savoir ? Il faut beaucoup d’années pour découvrir le sens de la vie. Et l’âge n’est pas une garantie contre les erreurs les plus surprenantes !

 Dieu a pour nous, ce même respect que le père pour son fils prodigue. Il nous laisse nous construire à travers les expériences de la vie, ce qui ne peut se faire malheureusement sans erreurs. C’est la rançon de l’expérience. Celle des autres n’a pas la même saveur et ne peut remplacer la nôtre.

Ce respect de Dieu pour chacun de nous,  on l’interprète souvent comme de l’indifférence ou de l’impuissance du fait que Dieu n’intervient pas visiblement dans les affaires du monde. C’est mal connaître  l’infini respect de Dieu envers nous.

De nos jours, on ne sait plus ce qu’est  le respect. On agit, on impose, on intervient, on se mêle de tout, sous prétexte de manifester son pouvoir. On juge de tout, on condamne sans preuves, on porte atteinte à l’honneur de quiconque. On ne respecte plus rien !

 Respecter quelqu’un, c’est manifester une certaine  retenue par rapport à lui. C’est prendre conscience de son individualité, de son aséité, de toute  son histoire personnelle, sociale et culturelle. Tant il est vrai que la vie de chacun est un mystère, un monde unique.

Or nous agissons souvent envers les autres, comme s’ils nous appartenaient. Comme si nous avions des droits sur eux, sans même avoir la moindre idée de cette notion du respect de l’autre ! Que de crimes furent commis au nom de Dieu !

Ce respect de Dieu envers nous est la meilleure  preuve de son amour infini. S’il n’intervient pas, par respect,  dans la vie des humains,  il les sauve, malgré eux, en leur révélant qu’ils sont pardonnés, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font !

C’est la prière de Jésus, agonisant sur la croix, tandis qu’il est insulté par ceux qui l’ont condamné à mort :
« Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! »

 Beaucoup ne comprennent pas ce respect du père, concernant la décision du fils prodigue de le quitter pour faire la fête…Ce fils était inconscient, aveuglé par ses passions, son désir de vivre sa vie ! Lui, non plus, il ne savait pas !

C’est aussi notre histoire ! Du moins, pour ceux qui ont reçu la lumière et la grâce d’avoir perdu toute suffisance.

 Peut-être que notre Mère, la sainte Eglise, aurait pu, elle aussi, au cours des âges,  manifester cet amour Divin, par plus de respect à l’égard des prodigues de toutes sortes…Mais, il ne faut pas s’en étonner. l’Eglise est humaine  dans ses membres et pécheresse comme chacun de nous ! Par contre,  elle devrait être plus miséricordieuse et  privilégier, à l’image du Père, le respect des autres par l’amour et le pardon !

N’est-ce pas toujours aux marques d’amour reçues que l‘on reprend le chemin du Père ? Comme l’on voudrait que l’enseignement du Christ soit véritablement le triomphe de l’amour  infini du Père : Le seul véritable évangile capable de toucher nos cœurs !

                                  Père Maurice Cantor.

 

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