FEVRIER 2003

 

A la lumière du chemin de Damas…

La mort est pour chacun de nous un chemin de Damas. Celui de saint Paul, on le sait, passe par la Syrie. le notre passe par cette frontière où notre vie bascule dans la mort, en raison du déclin historique des pouvoirs de l’esprit ; c’est à cette frontière que s’accomplit pour nous la rencontre transformante du Christ.

Renversé de son cheval par l’éblouissement que lui valut l’apparition du Christ ressuscité, ainsi par une splendeur qu’il en connaissait pas et qu’il estimait sans doute impossible, conquis par la singularité de Jésus qu’il appelle aussitôt son Seigneur, Paul a fait, dés la terre, l’expérience qui nous ouvre le ciel, c’est à dire la vie avec Dieu dans le Christ et l’esprit.

Trop tardive chez nous pour nous donner les mêmes fruits d’histoire qu’elle a donnée chez Paul, la découverte que nous faisons de la gloire du Christ garde quand même des analogies éclairantes avec le chemin de Damas.

C’est quand nous sommes désarçonnés de l’existence par la mort et comme anéantis par elle, que nous commençons de nous ouvrir vraiment à celui qui, jusqu’alors, nous n’avions guère cessé d’éviter sinon de contredire.

Nous découvrons ainsi d’une manière irréfutable que Jésus est l’incomparable Seigneur. Le Christ était donc bien ce qu’il disait de lui : « la voie, la vérité et la résurrection » !
Il n’existait personne au monde qui eut, en dehors de lui, « les paroles de la vie éternelle ». Il était en toute vérité, la lumière qui éclaire le monde et transforme en aube sans déclin la nuit où nous jette la mort !

L’émerveillement paulinien que soulève en nos cœurs d’un Christ qui instaure son règne au point précis où, s’il n’était pas là, la mort instaurerait le sien, se double d’une détresse et d’une douleur infinies : celles d’avoir négligé à ce point, dans l’histoire, un tel amour et tant de vie.

Saint Paul, après le chemin de Damas, était inconsolable d’avoir persécuté l’Eglise de son Dieu et de s’être comporté en ennemi du Christ ; la rencontre du Christ qui marque la fin de notre histoire nous vaut la confusion sans borne d’avoir dédaigné Jésus Christ, ou, tout au moins, omis de l’aimer comme il méritait évidemment de l’être. Le sentiment du gâchis révolu nous envahit et nous retourne en un total désaveu de toutes nos misères.

Ce désaveu est si profond qu’il atteint les racines les plus insoupçonnées de l’être. Il fait advenir la résurrection dans nos cœurs, en vertu d’un pouvoir et selon des rythmes et des durées dont les plus purs repentirs de l’existence peuvent nous suggérer l’ampleur et l’efficacité. Ils nous prépare à entrer, purifiés, et pour ainsi dire refondus, dans le Ressuscité, afin d’y vivre à tout jamais de la souveraineté de sa Vie…


Gustave Martelet S.J

L’au-delà retrouvé. Desclée.
Le Père Gustave Martelet .S.J. est un grand théologien, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont celui-ci : l’aude-là retrouvé ed. Desclée. Libre réponse à un scandale.Ed.du cerf.Paris. et bien d’autres ouvrages. Voir éditions du cerf et Desclée...Il a un riche enseignement et une très belle écriture…C’est un vrai plaisir que de le lire…

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