Dans une petite église de l’Espagne, au centre de la Catalogne, on vénère aujourd’hui encore un très beau et très ancien Christ en croix, dont le bras droit est décloué et abaissé le long du corps, Pourquoi ?
Voici son histoire :
Un
jour, un pauvre homme se confessait à un prêtre devant le grand crucifix de
l’autel, en donnant des marques sincères de repentir. Cependant au moment
de l’absolution, le confesseur hésitait…si grandes et nombreuses étaient ses fautes !
Qu’allait-il faire ?
Le
pécheur implorait son pardon.
« Je vous absous, dit le prêtre,
mais ne péchez plus ! »
L’homme
promit et s’en alla. Il demeura quelque temps fidèle à sa promesse, mais
il était faible et retomba dans ses fautes . Le repentir le ramena aux
pieds du confesseur.
« Pas
d’absolution, cette fois , lui dit-il ! »
Le pénitent le supplia : « Père je me
repends, je suis sincère, mais je suis faible, je demande pardon à
Dieu! »
Le
confesseur se laissa fléchir et pardonna
en ajoutant : « c’est bien la dernière fois ! »
Un temps plus long s’écoula. Mais, l’habitude d’une
part et la faiblesse de l’autre
firent que le pécheur retomba une nouvelle fois.
« Cette fois, c’est bien
fini, lui dit le prêtre, vous retombez toujours, votre repentir n’est pas
sincère . »
« C’est
vrai , mon père, je retombe parce que je suis faible, je voudrais bien éviter
ces fautes,mais c’est plus fort que moi, ayez pitié de
moi ! »
« Non, lui dit le prêtre, il n’y a plus de
pardon ! »
C’est alors qu’on entendit un sanglot,
venant du grand crucifix. On vit le Christ déclouer sa main droite et
l’élever, en traçant un large signe de croix sur la tête du
malheureux pour lui accorder lui-même
l’absolution, tandis qu’il disait, en s’adressant au prêtre:
« Toi, tu ne sais pas ce que
c’est que d’aimer et de pardonner ! tu n’as pas versé ton sang pour
lui ! »
Témoin de cette scène et frappé de ce reproche, le prêtre fut bouleversé et comprit enfin que Jésus était venu , non pour les justes, mais pour les pécheurs. Il se souvint de la réponse qu’avait faite le Christ à la question de son apôtre Pierre : « Combien de fois dois-je pardonner ? Sept fois ? » « Non Pierre ! avait dit Jésus, pas sept fois, mais soixante dix fois sept fois ! »
Le prêtre retint la leçon et plaça le grand crucifix au bras décloué à l’entrée de son Eglise afin de rappeler qu’il avait été le témoin privilégié de l’amour infini et miséricordieux du Christ, pour tous les pécheurs du monde. Il en était le premier, lui qui avait refusé, à un frère repentant, le pardon si miraculeusement et si généreusement accordé.
Cette petite église devint le centre d’un grand pèlerinage. C’est à ce Christ au bras décloué, témoin de la miséricorde et de la tendresse infinie de Dieu, que viennent s’adresser, humblement, dans la pénombre et le silence de ce sanctuaire, tous les pécheurs du monde…
Cette petite église n’est pas la seule…Bien d’autres ont aussi un Christ au bras décloué…il suffit d’en pousser la porte pour le découvrir…Il nous attend tous les jours !
Père
Maurice Cantor
Lien vers le tableau des chroniques précédentes