JUILLET 2002

 

LA BELLE HISTOIRE

D’UN ETRANGE CRUCIFIX

 

         Dans une petite église de l’Espagne, au centre de la Catalogne, on vénère aujourd’hui encore un très  beau et très ancien Christ en croix, dont le bras droit est décloué et abaissé le long du corps, Pourquoi ?

 

Voici son histoire :

 

            Un jour, un pauvre homme se confessait à un prêtre devant le grand crucifix de l’autel, en donnant des marques sincères de repentir. Cependant au moment de l’absolution, le confesseur hésitait…si grandes et  nombreuses étaient ses fautes ! Qu’allait-il faire ?

         Le pécheur implorait son pardon.

« Je vous absous, dit le prêtre, mais ne péchez plus ! »

 

         L’homme promit et s’en alla. Il demeura quelque temps fidèle à sa promesse, mais il était faible et retomba dans ses fautes . Le repentir le ramena aux pieds du confesseur.

         « Pas d’absolution, cette fois , lui dit-il ! »

Le pénitent le supplia : «  Père je me repends, je suis sincère, mais je suis faible, je demande pardon à Dieu! »

 

         Le confesseur se laissa fléchir et  pardonna en ajoutant : «  c’est bien la dernière fois ! »

Un temps plus long s’écoula. Mais, l’habitude d’une part et  la faiblesse de l’autre firent que le pécheur retomba une nouvelle fois.

« Cette fois, c’est bien fini, lui dit le prêtre, vous retombez toujours, votre repentir n’est pas sincère . »

 « C’est vrai , mon père, je retombe parce que je suis faible, je voudrais bien  éviter  ces fautes,mais c’est plus fort que moi, ayez pitié de moi ! »

« Non, lui dit le prêtre, il n’y a plus de pardon ! »

C’est alors qu’on entendit un sanglot, venant du grand crucifix. On vit le Christ déclouer sa main droite et l’élever, en traçant un large signe de croix sur la tête du malheureux  pour lui accorder lui-même l’absolution, tandis qu’il disait, en s’adressant au prêtre:

« Toi, tu ne sais pas ce que c’est que d’aimer et de pardonner !  tu n’as pas versé ton sang pour lui !  »

 

         Témoin de cette scène et frappé de ce reproche, le prêtre fut bouleversé et  comprit enfin que Jésus était venu , non pour les justes, mais pour les pécheurs. Il se souvint  de la réponse qu’avait faite le Christ à la question de son apôtre Pierre : «  Combien de fois dois-je pardonner ?  Sept fois ? » «  Non Pierre ! avait dit Jésus, pas sept fois, mais soixante dix fois sept fois ! »

 

Le prêtre retint la leçon et plaça le grand crucifix au bras décloué à l’entrée de son Eglise afin de rappeler qu’il avait été le témoin privilégié de l’amour infini et miséricordieux du Christ, pour tous les pécheurs du monde. Il en était le premier, lui qui avait refusé, à un frère repentant, le pardon si miraculeusement et si généreusement  accordé.

 

Cette petite église devint  le centre d’un grand pèlerinage. C’est à ce Christ au bras décloué, témoin de la miséricorde et de la tendresse infinie de Dieu, que viennent s’adresser, humblement, dans la pénombre et le silence de ce sanctuaire, tous les pécheurs  du monde…

 

Cette petite église n’est pas la seule…Bien d’autres ont aussi un Christ au bras décloué…il suffit d’en pousser la porte pour le découvrir…Il nous attend tous les jours !

 

                                                           Père Maurice Cantor

 

 

Lien vers le tableau des chroniques précédentes
 

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