MAI 2002

 

LES GESTES DE COMPASSIONS DE JESUS…

 

Il n’est pas nécessaire de parler pour se faire comprendre. Les gestes portent en eux-mêmes une signification. Une main tendue, un poing levé, ont tous deux un sens tout différent.

 

         Lorsque Simon, le Pharisien, qui avait invité Jésus chez lui, voit arriver la pécheresse de Bethsaïda, notoirement connue pour sa vie dissolue, il pense aussitôt que si Jésus était vraiment un prophète, il  renverrait  aussitôt cette femme.

 

         Selon la coutume antique, les convives, ainsi que Jésus, sont à moitié allongés pour manger. Bravant toute réprobation, la femme s’approche des convives et se tient aux pieds de Jésus. Un pharisien  l’aurait aussitôt  repoussé,  d’un geste brusque et significatif  du pied, pour  montrer sa désapprobation, son mépris, son souci de ne pas se laisser compromettre par cette présence considérée comme compromettante et déshonorante dans ce milieu épris de rigueur morale, trop souvent hypocrite.

 

Tout le monde regarde la scène avec une  gêne certaine. Que va faire Jésus ? Va t-il protester ? Il ne bouge pas, il reste allongé, il n’éloigne pas ses pieds, il laisse la femme s’en approcher et les toucher ! Tous sont scandalisés. Elle comprend par cette  attitude qu’elle n’est pas repoussée, rejetée, elle comprend alors  qu’elle est accueillie. Elle éclate alors en sanglots, touchée par la compassion qui lui est ainsi manifestée, elle la pécheresse, que tout le monde connaît et méprise.

 

Bien sûr, elle pleure ses fautes, mais elle est surtout  touchée au cœur par l’attitude de  compassion de Jésus qui ne la repousse pas. Simon le pharisien et ses amis sont choqués ! Comment Jésus peut-il ainsi se laisser toucher par cette femme,  dont la fréquentation pour la mentalité pharisaïque de l’époque, était signe de complicité sinon d’approbation.

 

Retenons, là encore, la sublime liberté et l’indépendance de Jésus qui va saisir cette situation délicate pour donner une leçon à Simon. « Quel est celui qui est le plus reconnaissant lui demande-t-il ? N’est-ce pas celui auquel on pardonne le plus ? Vois cette femme, je suis entré chez toi, tu n’as pas versé d’eau sur mes pieds, elle au contraire, elle a baigné mes pieds de ses larmes elle  les a essuyé de ses cheveux, et les a couvert de baisers. Ses péchés lui ont été pardonnés, c’est pourquoi elle a montré tant d’amour ; Celui a qui l’on pardonne peu, aime peu. »

 

Les convives sont médusés. Dans le fond d’eux-mêmes, ils comprennent le sens de la leçon et découvre une fois encore le vrai visage de Dieu, révélé en  Jésus Christ : un Dieu d’amour et de miséricorde.

 

S’adressant à la femme, Jésus lui dit : « Tes péchés sont pardonnés, ta foi t’a  sauvée ! Va en paix ! »  C’est toujours l’amour miséricordieux et gratuit de Dieu, sans cesse témoigné, qui interpelle, en chacun de nous, l’ouverture de notre cœur au bonheur de croire que nous sommes toujours et infiniment aimés, au delà de toutes nos misères…                

          Père Maurice Cantor.

 

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