LES GESTES DE COMPASSIONS DE JESUS…
Il n’est pas nécessaire de parler pour se faire
comprendre. Les gestes portent en eux-mêmes une signification. Une main tendue,
un poing levé, ont tous deux un sens tout différent.
Lorsque
Simon, le Pharisien, qui avait invité Jésus chez lui, voit arriver la
pécheresse de Bethsaïda, notoirement connue pour sa vie dissolue, il pense
aussitôt que si Jésus était vraiment un prophète, il renverrait
aussitôt cette femme.
Selon la
coutume antique, les convives, ainsi que Jésus, sont à moitié allongés pour
manger. Bravant toute réprobation, la femme s’approche des convives et se
tient aux pieds de Jésus. Un pharisien
l’aurait aussitôt
repoussé, d’un geste
brusque et significatif du pied,
pour montrer sa désapprobation, son
mépris, son souci de ne pas se laisser compromettre par cette présence
considérée comme compromettante et déshonorante dans ce milieu épris de rigueur
morale, trop souvent hypocrite.
Tout le monde regarde la scène avec une gêne certaine. Que va faire Jésus ? Va
t-il protester ? Il ne bouge pas, il reste allongé, il n’éloigne pas
ses pieds, il laisse la femme s’en approcher et les toucher ! Tous
sont scandalisés. Elle comprend par cette
attitude qu’elle n’est pas repoussée, rejetée, elle comprend
alors qu’elle est accueillie. Elle
éclate alors en sanglots, touchée par la compassion qui lui est ainsi
manifestée, elle la pécheresse, que tout le monde connaît et méprise.
Bien sûr, elle pleure ses fautes, mais elle
est surtout touchée au cœur par
l’attitude de compassion de Jésus
qui ne la repousse pas. Simon le pharisien et ses amis sont choqués !
Comment Jésus peut-il ainsi se laisser toucher par cette femme, dont la fréquentation pour la mentalité
pharisaïque de l’époque, était signe de complicité sinon
d’approbation.
Retenons, là encore, la sublime liberté et
l’indépendance de Jésus qui va saisir cette situation délicate pour
donner une leçon à Simon. « Quel est celui qui est le plus reconnaissant lui
demande-t-il ? N’est-ce pas celui auquel on pardonne le plus ?
Vois cette femme, je suis entré chez toi, tu n’as pas versé d’eau
sur mes pieds, elle au contraire, elle a baigné mes pieds de ses larmes elle les a essuyé de ses cheveux, et les a couvert
de baisers. Ses péchés lui ont été pardonnés, c’est pourquoi elle a
montré tant d’amour ; Celui a qui l’on pardonne peu, aime
peu. »
Les convives sont médusés. Dans le
fond d’eux-mêmes, ils comprennent le sens de la leçon et découvre une
fois encore le vrai visage de Dieu, révélé en
Jésus Christ : un Dieu d’amour et de miséricorde.
S’adressant à la femme, Jésus
lui dit : « Tes péchés sont pardonnés, ta foi t’a sauvée ! Va en paix ! » C’est toujours l’amour
miséricordieux et gratuit de Dieu, sans cesse témoigné, qui interpelle, en
chacun de nous, l’ouverture de notre cœur au bonheur de croire que
nous sommes toujours et infiniment aimés, au delà de toutes nos misères…
Père Maurice Cantor.
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