MARS 2002
Un des traits les plus frappants de l’Evangile et qui appartient à la fonction libératrice du Messie Sauveur, c’est que sans cesse, Jésus réintègre dans la communauté des hommes et des fidèles, tous ceux qui étaient exclus par leur appartenance à une catégorie discréditée du reste.
Les publicains, les pécheurs publics, la femme adultère qui
devait être lapidée, les samaritains, ennemis jurés des juifs, les lépreux,
impurs mis au ban de la société…Or tous ont été réintégrés dans la
communauté des fidèles, comme le rappelait le Cardinal Congard Dominicain, en
1973.
Est-ce la pratique de l’Eglise
aujourd’hui ? Où est passé ce souffle Evangélique d’accueil
qui ne rejetait personne ?
L’institution ecclésiastique serait-elle devenue sectaire ?
On a le
droit de se poser la question, parce qu’elle est essentielle à la
fidélité du Message Evangélique et que cette interrogation est primordiale et
tout à fait légitime.
En effet,
si l’Eglise est constituée par des fidèles qui se disent frères, qui
croient et qui pratiquent l’Esprit de l’Evangile, elle ne peut pas
rejeter d’autres frères, sous prétexte que, socialement, ils sont en
dehors des normes et pour certains sources de scandales.
C’est aller à l’encontre de tout
l’enseignement du Christ
Sauveur. Cet accueil, cette
mission libératrice incombent à toute l’Eglise ! Quel dommage et
quelle souffrance de voir ce grand courant d’Amour Miséricordieux, seul
capable de toucher les cœurs, enserré dans un système répressif
regrettable. Quelle tristesse de voir ce grand mystère de l’amour infini,
prisonnier de mesures ecclésiastiques restrictives et souvent inhumaines !
Combien de
pécheurs, se sont convertis, bouleversés par cette marque d’amour
personnelle du Christ à leur égard ! Que ce soit Zachée, grimpé dans son
arbre pour voir Jésus, que ce soit St Paul, ce grand persécuteur des premières
années de l’Eglise, qui a
dit : « Je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, car
j’ai persécuté
l’Eglise de Dieu » et cependant « il m’a aimé et
il s’est livré pour moi ! » La conscience d’un tel amour
totalement gratuit les avait convertis en un instant !
Nous en
sommes tous là ! Savoir que nous ne sommes rien et que malgré tout, Jésus
nous a aimés et s’est livré pour nous, uniquement par amour, ne peut que
bouleverser notre cœur et nous aider à nous convertir.
Comme il serait souhaitable que l’Eglise reprenne ces gestes d'Amour Evangéliques ! Eux seuls peuvent sauver et redonner espoir à tous ceux qui voudraient revenir vers elle, en découvrant dans cet accueil ecclésial l’Amour infini de Jésus lui-même !
Il faut
dire et redire qu’aucune vie n’est perdue, qu’aucune vie
n‘est gâchée, tant que l’on se confie en cet Amour infini et
miséricordieux, seul capable de toucher le cœur humain et de le sauver.
Nombreux sont ceux qui se convertiraient, s’ils étaient convaincus que
l’Eglise les aimaient tels qu’ils sont et qu’elle les attend
pour leur révéler cet amour inconditionnel auquel ils ont tant de mal à croire ! Il est impossible de ne pas souffrir de cette
carence pastorale qui blesse tant ce mystère de l’Amour Divin.
Le
juridisme ecclésiastique n’a-t-il pas
trop structuré, légalisé, rogné cet Amour Divin, dont la mesure est
précisément d’être sans
mesure ? N’a-t-il pas
inventer à foison des règles canoniques trop rigoristes ? Le nombre
impressionnant de ses interdits et de ses anathèmes n’a-t-il pas défiguré
le merveilleux Message
Evangélique ?
Prendre
conscience de l’immense pauvreté
de notre condition humaine, universellement partagée, n’est-ce pas déjà comprendre que la
primauté absolue donnée par le Christ à son Amour Miséricordieux, fait un
devoir pressant toutes les communautés chrétiennes et à toutes les églises,
d’ouvrir largement leurs portes et leur cœur, à tous ceux qui
viennent leur demander espérance, secours et réconfort ?
Ce devrait être pour ce troisième millénaire,
la pastorale de toutes les églises, pour
découvrir et célébrer ensemble le merveilleux message d’Amour que
Dieu a révélé au monde en la personne de Jésus-Christ pour chacun de nous.
Père Maurice Cantor