Octobre  2002

 

   SI TU SAVAIS QUEL EST

        CELUI QUI TE PARLE …

 

        La femme qui rencontre Jésus au puits de Jacob n’est pas une ignorante de la foi d’Israël.  Bien qu’elle soit samaritaine, elle est issue de la même croyance en Dieu. L’hostilité entre juifs et samaritains  a engendré une haine farouche ! Traiter un juif de samaritain est la suprême injure ! On ne se privera pas de la jeter à la figure de Jésus : «  Tu es un samaritain ! »

 

         C’est pourquoi la femme est très étonnée, qu’un juif puisse adresser la parole à une samaritaine !  Cette remarque montre à quel point le sectarisme ambiant était fort. Il n’est pas l’apanage de cette époque. Chez nous, en France, nous avons aussi connu cela et pire encore ! Le mépris de l’autre, la persécution, l’inquisition allant jusqu’à la mise à mort, au nom de Dieu, sont hélas le signe d’une aberration qui est le triste privilège de tout  fanatisme qu’il soit religieux ou politique.

 

          Ce mal n’a pas encore complètement disparu, chez nous, malgré l’évolution des mentalités, que ce soit dans le domaine religieux ou politique. Le règne de la méchanceté et de la bêtise n’est pas clos !

La Samaritaine est donc intriguée par la liberté et la personnalité de ce juif qui lui demande à boire !           Jésus lui fait cette réponse : «  Si tu savais quel est celui qui te parle ! C’est toi qui lui demanderais de l’eau vive ! »

 

         «  Si tu savais ! » Jésus a bien conscience de ce qu’il est ! Plus tard, au Grand prêtre qui lui demandera  s’il est bien  le fils de Dieu ? Il répondra : « Tu l’as dit, je le suis ! ».

 

         « Si tu savais ! ». Mais la femme ne le sait pas ! Elle partage l’ignorance de tous ceux qui ne savent pas, de tous ceux qui ne sauront jamais ! Elle est prisonnière de son éducation, de sa culture, de ses convictions, de ses certitudes qui lui permettent de vivre et d’assumer sa condition humaine ! Comment pourrait-elle être responsable de son ignorance ? Quelle preuve l’obligerait à changer d’avis ?

 

         Un dialogue va s’établir entre Jésus et elle. Il ne sera pas déterminant.

C’est seulement lorsque Jésus lui donnera la preuve qu’il sait tout de sa vie, qu’elle a eu cinq  maris, qu’elle va être troublée et se poser cette question : «  Qui est-il pour connaître ainsi ma vie ? » Elle s’enhardit et lui demande : « Ne serais-tu pas le Messie qui doit venir ?  » Elle va aller plus loin dans sa recherche. «  Nos pères…( elle fait appel à la tradition ) ont adoré sur cette montagne ! Ou faut-il adorer ? A Jérusalem ou ici ? »

 

Jésus dépasse l’attachement aux lieux de Culte ! C’est à Dieu seul que s’adresse notre prière ! Dieu est le père de tous ! Des juifs, comme des samaritains, des païens et des autres ! Sur la croix, Jésus prie son Père de pardonner à ceux qu’ils l’ont condamné et crucifié parce qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Il est bien le sauveur et le rédempteur du monde qui veut que tous les hommes soient sauvés !

 

         Nous vivons une bonne partie de notre vie, sans savoir qui est réellement Dieu ! Nous croyons, mais nous vivons comme si nous étions étrangers à cette foi. Nous sommes en dehors d’elle et elle est hors de nous. Il faut attendre le moment où nous sommes disponibles pour que le courant de l’Esprit Saint nous entraîne vers lui. Trop souvent nous sommes plaqués au sol par nos habitudes, notre égoïsme et nos aveuglements.

 

         La pauvreté de la condition humaine est immense. L’animal qu’est l’homme n’a été doué de raison qu’à la suite d’une très longue évolution. L’existence de l’espèce humaine engrange plusieurs milliers d’années de formation.

         On peut comprendre qu’en toute justice, Dieu exerce à son égard une  infinie miséricorde !

 

         En disant à cette femme : «  Si tu savais quel est celui qui te parle… ». Jésus l’excuse, en quelque sorte, de ne pas le savoir ! L’ignorance dont elle témoigne n’est pas coupable ! Elle ne le savait pas !

 

Nous en sommes tous là !  Nous avons du mal à comprendre que nous sommes tous nés de son amour et que sa volonté est de tous nous sauver ! Comment alors un tel amour infini et miséricordieux pourrait-il supporter d’être vaincu par l’ignorance et la misère des hommes ?                                                                                                                                               Père Maurice Cantor.

 

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