La femme qui rencontre Jésus au puits de
Jacob n’est pas une ignorante de la foi d’Israël. Bien qu’elle soit samaritaine, elle est
issue de la même croyance en Dieu. L’hostilité entre juifs et samaritains a engendré une haine farouche ! Traiter un juif de samaritain est la suprême
injure ! On ne se privera pas de la jeter à la figure de Jésus :
« Tu es un samaritain ! »
C’est
pourquoi la femme est très étonnée, qu’un juif puisse adresser la parole
à une samaritaine ! Cette remarque
montre à quel point le sectarisme ambiant était fort. Il n’est pas
l’apanage de cette époque. Chez nous, en France, nous avons aussi connu
cela et pire encore ! Le mépris de l’autre, la persécution,
l’inquisition allant jusqu’à la mise à mort, au nom de Dieu, sont
hélas le signe d’une aberration qui est le triste privilège de tout fanatisme qu’il soit religieux ou
politique.
Ce mal n’a pas encore complètement
disparu, chez nous, malgré l’évolution des mentalités, que ce soit dans
le domaine religieux ou politique. Le règne de la méchanceté et de la bêtise
n’est pas clos !
La Samaritaine est donc intriguée par
la liberté et la personnalité de ce juif qui lui demande à boire ! Jésus lui fait cette réponse :
« Si tu savais quel est celui qui te parle ! C’est toi qui lui
demanderais de l’eau vive ! »
«
Si tu savais ! » Jésus a bien conscience de ce qu’il est !
Plus tard, au Grand prêtre qui lui demandera s’il est bien le fils de Dieu ? Il
répondra : « Tu l’as dit, je le suis ! ».
« Si
tu savais ! ». Mais la femme ne le sait pas ! Elle partage
l’ignorance de tous ceux qui ne savent pas, de tous ceux qui ne sauront
jamais ! Elle est prisonnière de son éducation, de sa culture, de ses
convictions, de ses certitudes qui lui permettent de vivre et d’assumer
sa condition humaine ! Comment pourrait-elle être responsable de son
ignorance ? Quelle preuve l’obligerait à changer d’avis ?
Un
dialogue va s’établir entre Jésus et elle. Il ne sera pas déterminant.
C’est seulement lorsque Jésus
lui donnera la preuve qu’il sait tout de sa vie, qu’elle a eu
cinq maris, qu’elle va être
troublée et se poser cette question : « Qui est-il pour connaître
ainsi ma vie ? » Elle s’enhardit et lui demande :
« Ne serais-tu pas le Messie qui doit venir ? » Elle va aller
plus loin dans sa recherche. « Nos pères…( elle fait appel à la
tradition ) ont adoré sur cette montagne ! Ou faut-il adorer ? A
Jérusalem ou ici ? »
Jésus dépasse l’attachement aux
lieux de Culte ! C’est à Dieu seul que s’adresse notre
prière ! Dieu est le père de tous ! Des juifs, comme des samaritains,
des païens et des autres ! Sur la croix, Jésus prie son Père de
pardonner à ceux qu’ils l’ont condamné et crucifié parce
qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Il est bien le sauveur
et le rédempteur du monde qui veut que tous les hommes soient sauvés !
Nous
vivons une bonne partie de notre vie, sans savoir qui est réellement
Dieu ! Nous croyons, mais nous vivons comme si nous étions étrangers à
cette foi. Nous sommes en dehors d’elle et elle est hors de nous. Il faut
attendre le moment où nous sommes disponibles pour que le courant de
l’Esprit Saint nous entraîne vers lui. Trop souvent nous sommes plaqués
au sol par nos habitudes, notre égoïsme et nos aveuglements.
La
pauvreté de la condition humaine est immense. L’animal qu’est
l’homme n’a été doué de raison qu’à la suite d’une très
longue évolution. L’existence de l’espèce humaine engrange plusieurs
milliers d’années de formation.
On peut
comprendre qu’en toute justice, Dieu exerce à son égard une infinie miséricorde !
En
disant à cette femme : « Si tu savais quel est celui qui te
parle… ». Jésus l’excuse, en quelque sorte, de ne pas le
savoir ! L’ignorance dont elle témoigne n’est pas
coupable ! Elle ne le savait pas !
Nous en sommes tous là ! Nous avons du mal à comprendre que nous
sommes tous nés de son amour et que sa volonté est de tous nous sauver !
Comment alors un tel amour infini et miséricordieux pourrait-il supporter
d’être vaincu par l’ignorance et la misère des hommes ? Père Maurice Cantor.
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