DE LA LIBERTE DE CROIRE…
ET DE PRATIQUER SA FOI…

 

Depuis cinquante ans… grâce à la déclaration universelle des droits de l'homme, depuis 1968 grâce à une prise de conscience populaire de la liberté, des progrès sensibles ont été faits dans la possibilité de vivre et de pratiquer sa foi. Cependant, l'Eglise a toujours traîné les pieds devant cette reconnaissance.

Qu'on veuille bien se souvenir de la lutte invraisemblable que l'humanité a du livrer au pouvoir ecclésiastique pour accéder à une certaine liberté de vie et d'expression.

Ces fameux Droits de l'homme, le pape Pie IX les a clairement condamnés dans son encyclique " Quanta Cura " et dans le Syllabus, le 8 Décembre 1864. Condamnation formelle de la liberté d'opinion, de la liberté de conscience, de la liberté de presse, de la liberté des cultes. Rien de moins ! Cela fera seulement 136 ans en l'an 2000.

D'ailleurs les Concordats passés entre les états et le Vatican stipulaient formellement l'interdiction d'autoriser tout autre culte que le culte romain ! Qui s'en souvient encore ?

Que stipulent les articles de la déclaration des droits de l'homme ?  

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit.

Cette déclaration universelle des droits de l'homme nous la devons, non pas à l'Eglise, mais à tous les hommes épris de libertés qui se sont révoltés contre la tyrannie des princes, des états et de tous les pouvoirs arbitraires fussent-ils religieux !

Aussi, lorsque à la fin du concile de Vatican II, des milliers de fidèles refusèrent de se laisser entraîner dans des dérives liturgiques qui mettaient en cause l'intégrité de leur foi reçue des apôtres, ils ne firent qu'user du droit de la liberté de croire et de pratiquer leur foi.

Ce qui n'empêcha pas le pouvoir ecclésiastique de lutter contre elles par tous les moyens.

Ces communautés, ouvertes à une pastorale humaine, remirent à l'honneur le sacerdoce conféré à des pères de famille, pratique de l'église orthodoxe et de toutes les autres églises chrétiennes.

Leur pastorale évangélique accueillirent les foyers des divorcés remariés, toujours interdits de sacrements par l'Eglise.

La vie liturgique et sacramentaire de ces communautés se développèrent rapidement.

Ce fut le cas de l'Eglise Sainte Marie à Mont Saint Aignan comme ailleurs. Les fidèles de cette communauté usèrent pleinement de cette liberté de croire et de pratiquer leur foi sur le fondement de la foi catholique reçue des apôtres.

Ils firent tout simplement appel au principe de la liberté des cultes, si chèrement acquise au cours des siècles et si souvent combattu par le pouvoir ecclésiastique, source de toutes les guerres de religion dont la France fit la triste expérience dans le passé.

Souhaitons que progressivement ce constat de la liberté de croire et de pratiquer sa foi, prenne effectivement place dans le champ des libertés des droits de l'homme.

Rappelons une dernière vérité ; ce n'est pas d'être romain, orthodoxe, protestant, anglican, vieux catholiques, etc... qui est important ! Les appellations diverses sont aussi nombreuses que les familles spirituelles et prouvent bien la diversité légitime des sociétés et des religions chrétiennes.

Ce qui est essentiel pour un chrétien, c'est de pratiquer l'essentiel de l'Evangile : Croire en Jésus Christ, Dieu fait homme et aimer son prochain comme soi-même.

Dans ces conditions, chaque communauté chrétienne devrait pouvoir regarder l'autre, non comme un ennemi, mais comme un frère… Autrement, sa foi est imparfaite !

" Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! " a dit le Christ Jésus.

La diversité des cultes est secondaire. Il y a des centaines de millions de chrétiens, Orthodoxes, catholiques, protestants, de toute religion chrétienne de part le monde, qui croient tous, en Dieu fait homme en Jésus Christ et qui sont tous unis par la foi, l'éspérance et la charité.

Souhaitons qu'un jour, la tolérance qui n'est que le respect des autres, et le contraire des abus de droit, devienne pour toutes les Eglises, non plus une exception, mais le constat et la pratique d'un comportement chrétien, conforme à l'esprit de l'Evangile.

 
Mgr Maurice Cantor

RETOUR