HISTOIRE DE LA FONDATION
DE L'EGLISE SAINTE MARIE
ET DE SON FONDATEUR Mgr Maurice Cantor
par le Père Didier EBRAN.
 
Rappelons tout d'abord que Monseigneur Maurice Cantor est né au Havre le 1er décembre 1921. Il a fait ses études à l'institution Saint Joseph du Havre. Il est entré an 1940 chez les moines Bénédictins de l'Abbaye de Saint Wandrille en Normandie où il a fait profession solennelle en 1946. Il a été ordonné prêtre le 22 mai 1948 par Mgr Emile Blanchet, ancien recteur de l'institut catholique de Paris, et ancien supérieur de l'institution Saint Joseph du Havre. Il a suivi la vie monastique à saint Wandrille de 1940 à 1951, puis il a été nommé curé de paroisses en accord avec le Père Abbé de Saint Wandrille et L'Archevêque de Rouen de 1951 à 1964.

Au mois de mai 1964, avant la fin du concile de Vatican II, il fit officiellement ses adieux à ses paroissiens. Les maires de ses communes lui exprimèrent publiquement cet hommage pour 14 ans de présence parmi eux : " En apportant dans votre ministère tant de dévouement et de foi, vous répondiez à l'appel de votre vocation en répandant autour de vous un esprit de justice et de bonté. Votre départ ne soulève que des regrets unanimes dans le cœur d'une population où vous ne comptiez que des amis. Vous emportez avec vous toute la sympathie et l'estime de tous vos paroissiens. "

(Informations Dieppoises du 2 JUIN 1964 N°2005)
(Paris Normandie 3 JUIN 1964 N°6105)

Il donna sa démission de l'institution romaine le 29 MAI 1964 par lettre personnelle adressée au cardinal Martin, Archevêque de Rouen, qui a fait état de cette lettre et de cette décision dans la vie diocésaine de Rouen du mois de juin 1964.

Il procéda alors à la fondation de l'Eglise Sainte Marie, à Mont Saint Aignan, soutenu par des dizaines de milliers de familles chrétiennes, attachées à la foi reçue des apôtres, ainsi qu'à la liturgie et à la messe catholique traditionnelle de Saint Pie V.

Il faut se souvenir qu'au lendemain du concile, des innovations liturgiques et des divagations doctrinales importantes firent leurs apparitions. Le Pape Paul VI dut intervenir officiellement à plusieurs reprises contre cet état de choses. Mgr Cantor, quant à lui, resta fidèle à la liturgie catholique traditionnelle, à la messe de saint Pie V, au dogme du saint sacrifice de la messe, tel qu'il a été défini par le concile de Trente. Il s'engagea dans un accueil pastoral plus évangélique à l'égard de tous ceux qui se trouvaient éloignés de l'Eglise pour diverses raisons. Il préconisa le retour à la pratique apostolique d'ordonner prêtre des pères de famille selon l'usage maintenu dans toutes les églises d'orient et les églises uniates unies à Rome.

Ce qui fut parfaitement compris et approuvé par tous les fidèles.

Il ouvrit d'autre part l'accueil sacramentel aux divorcés remariés, en s'appuyant sur l'esprit de miséricorde de l'Evangile et la pratique humaine des églises orthodoxes. Il restaura le ministère charismatique de la guérison spirituelle comme partie intégrante du ministère sacerdotal.

Mgr Cantor Maurice reçut la consécration épiscopale des mains, de Mgr Cornejo, ancien évêque catholique romain, ancien évêque auxiliaire du cardinal Ricketts, Primat du Pérou.

C'est également Mgr Cornejo qui a ordonné et consacré évêque Mgr Roland Fleury et Mgr Claude Ducroq, membres de la communauté sacerdotale qui comprend treize membres du clergé, salariés à temps complet au service pastoral de l'Eglise Sainte Marie.

Les Universités Catholiques Romaines de Louvain en Belgique, d'Ottawa au Canada, de Toulouse en France, consultées, confirmèrent toutes la parfaite validité de cette ordination épiscopale, conférée par Mgr Cornejo à Mgr Cantor Maurice.

L'Eglise Sainte Marie s'est beaucoup développée depuis trente cinq années de sa fondation en 1964. Son rayonnement s'étend à plusieurs départements français et son souci d'ouverture pastorale sont à l'encontre de tout esprit fondamentaliste ou intégriste.

Cependant, il faut bien le dire, cette fondation ne s'est pas faite sans difficultés.

BIEN QUE le bon Pape Jean XXIII déclarât dans son encyclique PACEM IN TERRIS que chacun a droit d'honorer Dieu suivant la juste règle de sa conscience et de professer sa religion dans la vie privée et publique

BIEN QUE Le Cardinal BEA, président pour l'unité des chrétiens, écrivît : " Une autre aberration d'un amour mal compris de la vérité, ce furent les douloureuses guerres de Religion, lorsque au nom de la vérité, on a cherché à imposer certaines convictions aux autres oubliant un fait non moins fondamental que l'amour de la vérité, c'est à dire la liberté de l'homme. Cette liberté signifie que tout homme a le droit de décider librement de son propre destin, selon sa propre conscience. De cette liberté naisse le devoir pour l'individu et la société de respecter cette liberté et cette autonomie ".

BIEN QUE l'Eglise Sainte Marie déclarât qu'elle professait la foi Catholique reçue des apôtres, qu'elle fut légalement déclarée comme une association cultuelle avec tout ce que cela impliquait de liberté officiellement reconnue, malgré toutes ces belles déclarations romaines, l'Eglise Sainte Marie se heurta à une vive hostilité de la part d'une partie du clergé normand, soutenu et encouragé par la presse paroissiale et diocésaine.

On supportait mal en effet, en 1964 (il y a 35 ans) qu'un prêtre catholique romain puisse avoir l'audace d'ouvrir une Eglise catholique non romaine aux portes de Rouen et que cette initiative puisse être soutenue et approuvée par des dizaines de milliers de familles chrétiennes.

Les fidèles qui soutenaient l'Eglise Sainte Marie trouvaient insupportables le rejet de tant de gens à l'accès aux sacrements : refus de baptêmes, de mariages, et de l'eucharistie. On assistait en cette circonstance à une ségrégation, à un élitisme intégriste inacceptable. Ce qui était pour le moins paradoxal pour une Eglise conciliaire qui se voulait pastorale. D'autre part, Ces fidèles approuvèrent sans réserve, l'ordination sacerdotale conférée à des pères de famille et l'accueil des divorcés à la vie sacramentelle.

L'Eglise Sainte Marie préconisait que les sacrements étaient faits pour les hommes et non l'inverse.

"Sacramenta propter homines". Pour notre pays déchristianisé, il était souhaitable de concevoir un accueil soucieux de ne pas éteindre la mèche qui fume encore, de ne pas couper le roseau déjà brisé. Il fallait enseigner, instruire en se mettant au niveau de chacun et non de procéder à des exclusions. Car même si plus tard, certains s'éloignaient de l'Eglise, il leur restait au fond d'eux-mêmes le souvenir d'un accueil charitable, d'une église compatissante, d'une prière, d'une rencontre spirituelle avec Dieu et non celui d'un rejet inoubliable.

Combien de gens qui s'étaient éloignés de l'Eglise, ont retrouvé son chemin sous l'action de la grâce qui ne manque jamais à personne, parce que leur cœur avait gardé le souvenir de ce premier contact avec Dieu et l'Eglise. Mais malheureusement, certains courants de l'Eglise conciliaire adoptèrent une attitude tout à fait opposée. Le résultat ne se fit pas attendre. Pour de nombreuses familles, la nouvelle liturgie avec ses extravagances, la nouvelle messe, les désorientèrent profondément. Blessés par ces rejets et ces nouveautés liturgiques, elles furent troublées. Elles trouvèrent à l'Eglise Sainte Marie un accueil pastoral ouvert à la compassion, une liturgie traditionnelle séculaire, garante de la permanence de l'enseignement de l'Eglise à laquelle ils avaient donné leur foi.

Cette fondation, nous l'avons dit, ne fut pas facile. Les moyens employés contre l'Eglise Sainte Marie par les services de la presse paroissiale et diocésaine frisèrent souvent la diffamation et l'atteinte à la liberté religieuse si hautement proclamée par l'Eglise Romaine et les déclarations des droits de l'homme.

On déclara que cette Eglise était isolée, sans contacts avec les autres églises, alors qu'elle est membre du conseil international des églises communautaires et membre du conseil œcuménique de Genève. Peu importait d'ailleurs, ce qu'il fallait essayer, c'était de démolir l'image de l'Eglise Sainte Marie.

On alla jusqu'à prétendre qu'elle bradait les sacrements pour justifier les exigences et les rejets de la nouvelle pastorale qui la critiquaient. Mais le résultat ne fut pas du tout celui escompté. Plus la presse paroissiale et diocésaine menaient compagne contre l'Eglise sainte Marie par des tracts distribués partout, plus le nombre de fidèles qui prenaient le chemin de la vatine augmentaient ! Son bulletin trimestriel passa rapidement au-delà des 70.000 familles. Cela fait 35 ans que l'Eglise Sainte Marie existe et qu'elle se développe d'années en années, malgré toutes les procédures ecclésiastiques les plus invraisemblables.

La psychologie des profondeurs et la charité chrétienne ont du échapper à un certain nombre de cervelles ecclésiastiques normandes.

On le sait, l'Eglise n'est pas romaine pour rien. C'est toujours l'aspect juridique du droit qui prédomine, lorsque surgit un problème et c'est souvent au détriment de la charité qu'il est résolu. L'ancien évêque d'Evreux et bien d'autres en savent quelque chose.

Cependant la déclaration universelle des droits de l'homme a progressivement aidé les chrétiens à reconnaître leur droit à agir selon leur conscience et à vouloir rester fidèles à leurs convictions religieuses, à la liturgie catholique traditionnelle ainsi qu'à la messe de saint Pie V.

De très nombreux fidèles se sont libérés du pouvoir absolu et exorbitant de l'institution ecclésiastique romaine dont l'histoire n'a pas toujours été exemplaire dans la pratique évangélique.

Depuis quelques années les rapports entre l'Eglise Sainte Marie et le Diocèse de Rouen sont devenus plus conformes au respect du droit et plus soucieux des devoirs élémentaires de la charité chrétienne.

Nombre de théologiens récents préconisent un œcuménisme basé sur la richesse de la diversité des communautés dont l'union serait centrée sur la personne du Christ, son message, vécu selon la diversité des pays, des sensibilités culturelles, des données historiques qui forment les individus et leurs formations intellectuelles. Nous serions alors très loin de l'uniformisme romain qui a généré plus de divisions que d'unité.

L'Eglise Sainte Marie bien que juridiquement indépendante de l'Eglise Catholique Romaine, professe toujours la même foi catholique reçue des apôtres et se déclare en communion spirituelle de foi avec elle.

Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare.

La différence se situe sur le plan structurel et disciplinaire. Elle respecte et honore le Pape Jean-Paul II ainsi que ses prédécesseurs et tout particulièrement le bon Pape Jean XXIII. Comme l'Eglise Romaine, l'Eglise Sainte Marie est une Eglise particulière au sein de l'Eglise Universelle. Il en est ainsi pour toutes les autres églises.

La pastorale de l'Eglise Sainte Marie cherche tout simplement à faire connaître et à faire aimer Notre Seigneur Jésus Christ. C'est la véritable mission qu'elle a reçue comme toutes les églises chrétiennes.

Il faut redire sans cesse que pour Dieu, il n'y a pas de vie gâchée, ni de vie perdue. Jamais personne n'est exclu de son amour ni de sa tendresse, sa miséricorde est infinie. Notre mission pastorale est celle de le révéler à tous.

Père Didier EBRAN.
 
 

Depuis 35 ans (1964 à 1999) le bilan pastoral
de l'Eglise Ste Marie s'établit ainsi :


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